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FFI CHER NORD

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FFI CHER NORD
16 décembre 2013

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16 décembre 2013

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14 décembre 2013

Stèle de Bué

Bué

2 janvier 2001

Quantilly 11 Août 1944

Courrier adressé au Comité Berrichon du Souvenir et de la Reconnaissance (CBSR) par Monsieur Léon BAILLY Maire de Quantilly.

  Ainsi que vous me le demandez, je viens vous donner autant que je le puis des détails exacts sur les faits qui se sont déroulés dans la journée du 11 août 1944.

 Vers 15 heures, une camionnette (appartenant à Albin Gordet maçon à Menetou-Salon) du groupe de maquisards cantonnė aux Glandons  à Quantilly, va au château de Champgrand, situé à environ 1 km du bourg, chercher des effets et des provisions chez les pensionnaires de Bellevue (Hospice de Bourges) qui, à ce moment-là, occupent le château.

À leur retour, les maquisards s'arrêtent au débit de boisson Migeon (café – boulangerie – épicerie). Des camionnettes de soldats allemands venant de la direction de Menetou arrivent dans le bourg peu de temps après eux. Il est environ 15h30.

Voyant la camionnette avec une dizaine d'hommes, plus ou moins bien armés, les Allemands pensent qu'ils ont affaire à des maquisards. Ils commencent l'attaque au fusil et à la mitraillette. Aucun maquisard ne répond.

Roger Bernard, 22 ans, qui s'enfuit par chez Madame Marie Clavier trébuche dans la cour. Là, un soldat allemand s'approche. Le voyant râlant,  il lui tire à bout portant une balle de revolver dans la tête.

Quelques instants après, le pauvre maquisard est traîné par les jambes jusque sur la place sur environ 15 à 20 m.

Le second, René Courtoison 22 ans, est abattu alors qu'il s'éloigne par l'allée du château (allée des tilleuls).

Plusieurs hommes de Quantilly et des environs se trouvant au bourg à ce moment-là sont amenés et alignés devant le mur de l'église.

Quelques instants plus tard, les Allemands reçoivent du renfort : plusieurs voitures et camionnettes soit au moins une soixantaine de soldats.

La fusillade commence pour environ trois quarts d'heure.

Ensuite, les Allemands, croyant peut-être à la présence de maquisards dans les dépendances de Madame Clavier, y allume un incendie. Une petite quantité de foin est stockée dans un grenier, ce qui permet à l'incendie de se développer rapidement.

Quand tout est à peu près brulé, ils remontent dans leur voiture en emmenant un homme qui est relâché le lendemain et renvoyé chez lui.

Quantilly vient d'avoir affaire à des SS.

Signé Bailly maire à Quantilly.

 

1945_plaque_Quantilly

Rapport du Commandant Jean-Baptiste Magnon.

 Dans son rapport relatif à cet événement, le Commandant Jean-Baptiste Magnon (FTP, instituteur à Menetou-Salon) qualifie de crime de guerre ces faits qui se sont déroulés le 11 août 1944 à Quantilly. Il indique que ce sont bien des SS qui sont les responsables de l'incendie et du massacre des deux maquisards. Il précise que le curé Michelet, milicien, a fourni des indications sur la position des maquisards.

Ce rapport décrit le bâtiment détruit par les flammes: une longère comprenant un garage, une écurie, un second garage et une buanderie.

Une voiture à cheval, trois autos et de nombreux objets et matériels ont ainsi été détruits.

 

 

Compléments:

 -       Les deux maquisards tués sont:

Roger BERNARD dit Pézig sergent marié sans enfant.
                             sépulture Cimetière St Lazare Bourges -
René COURTOISON dit Pinocchio 2ème classe marié 2 enfants
                              Sépulture à SAVIGNY EN SEPTAINE.

 

-       Marcel Dériot était à l'époque ouvrier-boulanger chez Camille MIGEON.

Il s'était caché sous des sacs de son entreposés dans une dépendance de la boulangerie.

Les SS ont tiré des rafales de mitraillette dans sa direction et lancé des grenades sans doute incendiaires. Par chance, les sacs ne se sont pas enflammés. Il est sorti de sa cachette et s'est retrouvé seul dans la cour vide de SS. Vite fait, il a enjambé une clôture et s'est volatilisé dans la nature.

 

-     Camille MIGEON, le boulanger, s'est éloigné par l'allée des tilleuls en zigzagant d'un arbre à l'autre et a eu la chance de s'en sortir vivant. Il vient de mourir. Ses obsèques ont eu lieu le 23 Décembre 2013. Il avait 105 ans. Sa fille Jeannine s'était cachée dans le four à pains.  

 

1 décembre 2000

Par le Colonel Colomb

 

HISTORIQUE


de la RÉSISTANCE ARMÉE

 

dans le CHER-NORD

 

 

 

 

 

L’historique ci-après concerne les maquis suivants :

1.  - Maquis de MENETOU

2.  - Maquis d’IVOY

3.  - Compagnie ROBIN

5.  - Groupe de St PALAIS

6.  - Groupe de St MARTIN D’AUXIGNY

7.  - Groupe d’ARGENT

8.  - Groupe d’AUBIGNY

9.- Groupe de MENETOU-RATEL

11. - Groupe de St SATUR

37.- Secteur du SANCERROIS

38.- Secteur du VIERZON ou Compagnie VENGEANCE.

 

Dans le courant de 1943, la première entreprise sérieuse de résistance dans le CHER-NORD fut celle du Général CHALLE à BOURGES, sous le patronage du mouvement « LIBÉRATION - NORD ». Mais, dans le cours de l’été, le Général CHALLE lui-même, et la plupart de ses collaborateurs, furent arrêtés. Les autres se dispersèrent, cette première tentative avait avorté.

Vers la même époque, l’O.R.A. commença de son côté à déployer une certaine activité dans le Cher. Le Commandant GAGNERON fut nommé Chef départemental à BOURGES.

Il s’attacha à grouper autour de lui un certain nombre d’Officiers, de préférence de l’Armée active, en vue de diriger les principaux secteurs du département.

Mais, avant d’avoir pu commencer véritablement le travail en profondeur, le Commandant GAGNERON et tous ses Officiers, sauf un, étaient arrêtés en même temps par la Gestapo, le 17 février 1944.

L’action de l’O.R.A. sur le plan départemental ne devait pas être reprise par la suite, en raison de la constitution des F.F.I.

Ces deux essais successifs avaient laissé cependant dans le CHER-NORD des éléments des bonnes volontés éparses qu’il allait bientôt être possible de regrouper à la faveur des événements dans une action d’ensemble.

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C’est dans le courant du mois d’avril 1944 que je fus désigné par le « C.O.M.A.C. » pour assumer le  Commandement des F.F.I. du Cher-Nord, d’abord à titre officieux, puis ensuite par une lettre de service. Je devais d’ailleurs être confirmé au mois de juin dans cette fonction par le Délégué Militaire Régional adjoint pour P.2. « MARC » (Colonel O’Neill).

Antérieurement à cette nomination, j’avais commencé à prendre part à la résistance en avril 1943 : constitution d’un groupe de village à BOULLERET, d’une trentaine de membres - collaboration avec les représentants de ГО.С.М. à COSNE, Mr et Mme TESTARD jusqu’à la date de leur arrestation (4 mars 1944), d’autre part, avec le Groupe de SANCERRE (BOROCOVITCH et LOUIS), qui s’était rangé sous les ordres du Commandant GAGNERON ; recherches d’armes de récupération et constitution de petits dépôts clandestins.

 

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La première tentative aérienne pour obtenir des parachutages d’armes dans le CHER-NORD, remonte à l’entrevue que je pus avoir le 28 décembre à COSNE au domicile de Mr et Mme TESTARD avec le Délégué Militaire Régional  « ARMAND BOULLOCHE ». La question fut évoquée, mais elle n’eut pas de suites en raison de l’arrestation d’ « ARMAND » quelques jours plus tard.

En février, je demandais au  « COMAC » de reprendre la question. Vers le milieu de mars, un représentant du B.O.A. vint me voir à MENETOU-RATEL. Quatre terrains de parachutages furent choisis. Malgré plusieurs visites successives de l’Agent du B.O.A. les terrains ne furent jamais homologués par la R.A.F. Il est d’ailleurs probable qu’ils ne lui furent même pas transmis. Le 6 juin, nous attendions encore d’être fixés à ce sujet. Mes rapports avec le B.O.A. en restèrent là.

Au début de mai, je fis la connaissance à PARIS du successeur  d’ « ARMAND », le nouveau Délégué Militaire Régional « JARRY ». Il fut convenu qu’il viendrait me voir dans le SANCERROIS.

Mais cette visite, plusieurs fois annoncée, n’eut jamais lieu.

Toutefois, dans les derniers jours de mai, « JARRY » me fit passer un message demandant de me rendre le 29 mai à LAMOTTE-BEUVRON, pour y rencontrer son adjoint « MARC », Délégué Militaire pour P.2. Mon voyage à LAMOTTE-BEUVRON devait me permettre de mettre au point avec « MARC » l’organisation territoriale à donner aux F.F.I. ainsi que la question de leur administration et de leur financement.

Mais il devait surtout me permettre de prendre contact avec le représentant régional du WAR OFFICE « St PAUL », grâce auquel le problème des parachutages devait enfin recevoir une solution rapide et plus complète que nous n’aurions jamais osé l’espérer jusqu’alors.

 

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A la date du 6 juin, l’organisation territoriale prévue pour le Cher-Nord devait comporter cinq secteurs :

·         Sancerrois,

·         Cher-Est (Sancergues, Baugy, La Guerche),

·         Bourges,

·         Vierzonnais,

·         Région centrale (axe de la route BOURGES-ARGENT)

torturé par la Gestapo, hospitalisé, « Armand » réussit à s ’évader. Plus tard, il fut Ministre de l’Education Nationale, disparu dans un accident d’avion.

 

 

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En réalité, seuls les deux premiers secteurs se trouvaient à peu près organisés et en liaison constante avec le Commandement Départemental. Le SANCERROIS en particulier, que je dirigeais personnellement avec le concours de « CHARPENTIER » depuis l’arrestation de BOROCOVITCH au début de mars, groupait clans un certain nombre de villages un effectif d’environ deux cents hommes, dont la moitié à peu près armée avec des fusils de modèles variés. Le CHER-EST, sous la direction du Capitaine « DURET », ne comptait encore à cette date qu’un effectif sensiblement inférieur et n’était aucunement armé.

A BOURGES, j’avais pris en mai un contact personnel avec « ROBIN » qui dirigeait un groupe important affilié à  « VENGEANCE », mais il n’en était encore rien résulté dans la pratique.

Pour le Vierzonnais, je n’ignorais pas qu’il existait un centre de résistance très actif, mais n’avais pu encore entrer en rapport avec ceux qui en faisaient partie. Enfin, dans la région centrale, je savais qu’il n’y avait rien encore et qu’il faudrait y créer notre organisation de toutes pièces.

 

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Au point de vue « Maquis », la situation n’était guère plus favorable : dans le courant de l’hiver 1943-1944 quelques petits groupes de jeunes gens, réfractaires au S.Т.О., s’étaient constitués dans les forêts, mais il étaient à peu près complètement dépourvus d’armes, et cherchaient bien plutôt à échapper aux recherches des Allemands qu’à s’attaquer sérieusement aux convois et aux moyens de transport ennemis.

Par l’intermédiaire du Capitaine « DURET », j’avais rencontré à PARIS, vers la fin de mars, l’Inspecteur du « Service National Maquis » chargé notamment de ceux du Cher-Nord, qui se faisait alors appeler «MARSAN MOISSINAC ». Il devait plus tard jouer un rôle prépondérant dans l’organisation des maquis du département, mais à cette date il ne contrôlait encore qu’un petit groupe d’une douzaine d’hommes,
commandé par un certain « BEBERT », et qui se cachait dans les bois de BOUCARD.

En dehors de ce groupe « BEBERT », je ne connaissais d’autre part qu’un groupe « DANIEL », de 7 ou 8 hommes, dans la région de FEUX, qui devait se révéler ultérieurement comme dépendant des F.T.P. auquel je pouvais ajouter l’existence probable de quelques éléments « Maquis » de même origine dans la région de BEFFES et dans les forêts au nord de VIERZON.

Selon ce que je savais à l’époque, c’était bien là tout ce qu’il pouvait exister comme « Maquis » dans le Cher-Nord, et, en fait, personne n’était sérieusement armé.

Dans le courant de mars, il m’avait été demandé par le Délégué Militaire National « CHABAN » d’abriter dans le SANCERROIS un poste émetteur radio qui devait fonctionner pour son service exclusif. Il m’avait été demandé aussi de prévoir dans la même région l’hébergement d’une partie au moins de l’organisation du « COMAC », dans l’éventualité où les mesures prises par les Allemands à la suite du débarquement allié obligeraient celui-ci à quitter PARIS.

Ce deuxième projet ne fut pas réalisé, mais en ce qui concerne l’émetteur de radio, je devais le recevoir le 3 juin, avec deux opérateurs, qui furent installés à LÉRE, où ils fonctionnèrent sans interruption et sans être aucunement inquiétés jusqu’à la fin du mois d’août. Les messages qu’ils transmettaient arrivaient chiffrés soit directement de PARIS, soit de la région d’AUXERRE, par agents de liaison (souvent des femmes) à bicyclette.

Dans l’ensemble, le fonctionnement de ce service fut un grand succès.

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A partir du 6 juin, ma préoccupation dominante devint le parachutage d’armes. Elle devait le rester jusqu’au 12 août.

Lors de notre rencontre le 29 mai,pas « St PAUL » m’avait promis de me faire livrer du matériel à bref délai. Il vint me voir à BOULLERET quinze jours plus tard, et après avoir étudié dans le détail la situation dans le département, me promit la livraison d’un nombre minimum d’armes pour les semaines suivantes. Et en attendant les parachutages, il m’emmena le lendemain même (à bicyclette) à VITRY-aux-LOGES, dans la forêt d’ORLEANS, revoir « MARC », qui venait d’y installer son P.C. et solliciter de lui la livraison de six containers à prélever sur un stock important entreposé dans la région.

De retour dans le SANCERROIS, je m’occupais de trouver un camion pour aller chercher les containers en forêt d’Orléans. Le voyage fut retardé par diverses difficultés matérielles, puis par la présence d’un barrage allemand sur le pont de Sully ; enfin je finis par y renoncer définitivement lorsque se produisit enfin notre premier parachutage d’armes dans le département, quelques jours plus tard.

Ce dernier ne se fit pas par l’intermédiaire de « St-PAUL ». Il fut organisé à SURY-près-LÉRÉ même par une femme du Service Secret Britannique (probablement de nationalité américaine) nommé • DIANE » qui s’y trouvait en villégiature depuis trois ou quatre semaines. Sa présence à SURY m’avait été signalée par le Groupe de village local. Elle m’avait d’abord paru suspecte. J’avais consulté « St-PAUL » à son sujet à notre retour de VITRY-aux-LOGES), qui avait reconnu en elle une de ses anciennes collaboratrices dans le Centre de la France.

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Invitée par « St-PAUL » à se mettre à notre disposition, « DIANE » qui correspondait directement avec LONDRES par radio, organisa notre premier parachutage, qui eut lieu dans la nuit du 24 au 25 juin à BELLEVILLE, au bord de la Loire.

Ce soir là, nous recevions 12 containers, dont le produit fut partagé entre les groupes de village du SANCERROIS et les premiers maquis de « Monsieur MARSAN » alors en voie de création. Le lendemain soir, un second parachutage, également organisé par << DIANE », avait lieu aux Vallées en face de POUILLY, et les 18 containers qu’il comportait étaient attribués au groupement du CHER-EST, sous les ordres du Capitaine « DURET ».

Une semaine plus tard, enfin, un troisième parachutage d’une vingtaine de containers avait lieu entre SURY-ès-BOIS et VAILLY. Mais cette fois là nous recevions aussi un radio américain nommé « FELIX » qui devait rester à ma disposition et s’occuper presque exclusivement d’organiser avec LONDRES nos parachutages ultérieurs.

A partir de ce moment là, les arrivages d’armes furent aussi nombreux que nous pouvions le souhaiter, et répartis à travers le territoire du département aux points exacts où nos besoins de matériel se faisaient sentir, évitant ainsi les transports par camions qui, en d’autres régions, provoquèrent malheureusement tant de tragiques accidents.

Après avoir ainsi rendu un immense service à la Résistance dans le CHER-NORD. « DIANE » nous quittait vers le 10 juillet pour aller continuer son activité dans la Haute-Loire.

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Le développement des maquis dans le CHER-NORD devait (comme il  était logique d’ailleurs) devenir particulièrement rapide du moment où il  nous fut possible de les ravitailler en armes avec abondance. Mais avant d’en revenir là, les quelques petits maquis du CHER-NORD s’étaient vus durement secoués dans le courant de Mai par les Allemands.

Le 19 Mai, une colonne de plusieurs centaines d’hommes, transportés en camions avec quelques auto-mitrailleuses et deux canons légers, vint procéder au nettoyage des bois de Boucard.

Ils n’y trouvèrent d’ailleurs personne, car la « bande à BEBERT », alertée à temps, avait pu prendre le large. La colonne allemande traversait dans l’après-midi la région de VEAUGUES, lorsqu’elle entra en contact avec le groupe « DANIEL » embusqué sur la route. Dans le combat inégal qui s’ensuivit,
les 7 hommes de ce groupe furent tués et « DANIEL » seul réussit à s’échapper avec son fusil-mitrailleur.

Après cette journée, le groupe « BEBERT » se désagrégea. D’autre part, « DANIEL » se trouvait avoir perdu à la fois sa troupe et ses armes. Vers le 1er juin, il fut convenu que les 7 ou 8 hommes de «BEBERT» demeurés dans la région, se rangeraient sous les ordres de « DANIEL ». Celui-ci se trouvait donc à nouveau le 6 juin prêt à entrer en action, mais avec des moyens minimes.

Au point de vue « Maquis », cependant, il représentait à cette date le seul élément auquel le commandant départemental F.F.I. pouvait faire immédiatement appel.

 

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Je confiais aussitôt à « MARSAN » la tâche de constituer le noyau de quelques nouveaux groupes de maquis clans la région centrale du département en utilisant les premiers volontaires qui commençaient à se présenter à nous (mais bien peu nombreux encore) à la suite du premier appel radiodiffusé du Général de GAULLE.

Le 10 juin, un premier groupe (nommé SEBASTOPOL) était créé sous les ordres de « BERRY » dans les bois de la région de MENETOU et s’augmentait progressivement jusqu’à comprendre une vingtaine d’hommes. Mais le manque d’armes à peu près total nous empêchait de gonfler comme nous l’aurions voulu les effectifs. Ce n’est qu’après le parachutage du 24 juin qu’un second groupe (nommé HUBERT ARNAUD) pouvait être créé sans retard dès le 27 juin, sous le commandement de Roland PAVIE, dans le bois des PORTEAUX, près de NEUVY-les-DEUX-CLOCHERS.

 

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Dans le courant de juillet, et surtout après le 20 juillet, où toute une série de parachutages eurent lieu dans la région de MENETOU-RATEL, les maquis organisés par « MARSAN » commencèrent à prendre un important développement.

Les 17 et 19 juillet, les groupes « BAYEUX » et « BERTIN » étaient créés dans les bois de QUANTILLY (à l’effectif d’une quinzaine d’hommes chacun) et dirigés aussitôt sur une nouvelle zone d’opérations, dans les forêts autour d’ALLOGNY.

Vers la même date, le Groupe « 18 juin 1940 », constitué dans la même région de QUANTILLY, était envoyé en forêt d’IVOY. Il allait constituer le noyau d’un ensemble de maquis appelé à rassembler en quelques semaines un effectif considérable de volontaires.

Au début d’août, l’organisation des maquis du CHER-NORD allait prendre ainsi sa forme définitive: deux zones furent créées, au sud le « Maquis de MENETOU », sous les ordres directs de « MARSAN », au nord, le maquis « d’IVOY », également contrôlé par « MARSAN », mais effectivement commandé par «François». Les aires d’opérations respectives attribuées à ces deux maquis étaient séparées par une ligne NEUVY S/BARANGEON - HENRICHEMONT - NEUVY-les-DEUX-CLOCHERS.

Dans chacune de ces deux zones un «camp de triage » allait fonctionner, d’où sortiraient tout constitués, au fur et à mesure de l’arrivée des volontaires, les groupes nouveaux qui devaient être dirigés ensuite vers des terrains d’action déterminés.

D’autre part, par l’intermédiaire de « FELIX », des terrains de parachutage spéciaux étaient affectés au ravitaillement en armes de ces deux maquis : pour IVOY à OIZON, à ARGENT et près du « Gué de la Pierre » pour MENETOU, à PARASSY.

L’organisation ainsi créée allait permettre désormais de recevoir le matériel en quantités suffisantes pour équiper à la cadence voulue les volontaires que l’évolution de la situation militaire amenait chaque jour plus nombreux dans nos camps de triage.

Parallèlement à cette mise sur pied des groupes de maquis dans la région centrale du département, l’organisation des secteurs du CHER-EST et de VIERZON faisait dans le courant de juillet de rapides progrès.

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Le Capitaine « DURET » avait reçu, comme indiqué plus haut, son premier parachutage (18 containers) le 25 juin. Une quinzaine de jours plus tard, il en recevait un second, beaucoup plus important (45 containers) en plein centre de son secteur, près de VILLEQUIERS.

Dès lors, il devenait possible d’armer des effectifs importants. Les cantons de BAUGY, NÉRONDES, LA GUERCHE et SANCERGUES, qui constituaient son secteur, possédant une densité de population relativement forte, les volontaires ne cessaient d’affluer dans cette zone au fur et à mesure des arrivages d’armes, mais durant cette période, les groupes de Résistance ne devaient pas encore se constituer en » maquis » mobiles, tant que le signal de la guérilla générale ne serait pas donné, pour le département du CHER. Il avait été convenu que les hommes resteraient dispersés dans les fermes et les villages, ne se rassemblant que sur ordre et pour l’exécution d’opérations données. Cette organisation ressemblait en somme quelque peu à celle qui avait été adoptée pour le Sancerrois, comme on le verra plus loin.

A la fin de juillet, le Capitaine DURET avait ainsi recruté et armé environ 250 hommes répartis entre quatre sous-secteurs. Il pouvait en particulier compter sur le concours de plusieurs jeunes Officiers d’active en sorte que le moment venu sa troupe allait se révéler particulièrement mordante et combative, et infliger dans la guerre d’embuscades des pertes sérieuses aux convois ennemis,

L’organisation du secteur de VIERZON allait prendre également dans le courant de juillet sa forme définitive : depuis le 6 juin, un important travail avait été accompli dans cette région, qui, à l’époque, échappait encore totalement à l’action du Commandement Départemental F.F.I.

Dès l’annonce du débarquement allié, « St-PAUL » avait envoyé à VIERZON un jeune Officier français « STAG », pour y prendre contact avec les résistants locaux, appartenant pour la plupart au mouvement VENGEANCE », et leur transmettre ses instructions.

 

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A partir de ce moment, « STAG », était agréé par les résistants de VIERZON comme « un conseiller technique militaire » et il allait s’occuper avec une très grande activité de l’organisation et de l’armement des groupes F.F.I. en cours de création dans le secteur. D’ailleurs, «St-PAUL » attachait une importance très particulière à cette région, en raison de l’utilisation que les Allemands pourraient faire de la route et de la voie ferrée BOURGES-VIERZON pour leurs mouvements de troupe, et en raison aussi des nombreuses usines travaillant encore à VIERZON pour l’ennemi.

Un jeune officier britannique, nommé « JEAN MAURICE », qui dirigeait depuis quelque temps un assez important groupement de maquis dans le sud de la Sologne (Souesmes), fut désigné d’autre part par «St-PAUL » pour contrôler l’action de » STAG » et lui donner les directives nécessaires. Un premier transport d’armes (2 tonnes environ) fut effectué, à la mi-juin, de St-VIATRE, où se trouvait le dépôt central de « St-PAUL » à la Moinerie des Bois, où « STAG » commençait à monter un petit maquis.

Par l’intermédiaire de « JEAN MAURICE », quelques parachutages, d’ailleurs de faible importance, eurent lieu fin juin et début juillet. A ce moment, le secteur de VIERZON pouvait compter environ 120 à 150 hommes armés, mais la plupart de ceux-ci se trouvaient en réalité dispersés dans VIERZON et quelques communes avoisinantes, et en dehors d’une vingtaine d’hommes à la Moineries aux Bois, il n’y avait pas encore à proprement parler de maquis susceptible d’entrer immédiatement en action.

C’est à cette date seulement que je pus rencontrer pour la 1ère fois, près de NEUVY-SUR-BARANGEON « STAG » ainsi que le Capitaine MARGOUT, qui exerçait nominalement le Commandement des F.F.I. de VIERZON.

Dès le 6 juin, la question des destructions et sabotages de voies ferrées, ainsi que des autres moyens de communication utilisés par l’ennemi avait naturellement pris pour nous une importance primordiale, malheureusement nous manquions à peu près totalement à ce moment des moyens matériels nécessaires pour faire œuvre utile.

Les directives qui nous étaient transmises soit par « MARC », soit par « St-PAUL » insistaient toutes sur l’urgence de ces destructions. Il nous était demandé de la manière la plus pressante de concentrer exclusivement nos efforts sur l’interruption ou la neutralisation des moyens de transport, afin de contribuer pour notre part au succès de la bataille de Normandie, en retardant l’arrivée éventuelle des renforts ennemis sur le champ de bataille.

 

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Jusqu’au 15 août, date à laquelle l’ordre de guérilla générale fut lancé de LONDRES pour le Cher, l’action de la Résistance armée devait donc se traduire à peu près exclusivement par des sabotages - de plus en plus nombreux et de plus en plus étendus - tandis que nous nous abstenions à peu près totalement d’autre part d’attaquer les convois ou corps de troupe ennemis.

L’arrivée, le 24 juin, par notre premier parachutage de SURY-ès-BOIS, d’une certaine quantité de « plastic» ou d’autres explosifs, allait nous permettre d’aborder la réalisation de notre programme.

Simultanément, « St-PAUL » mettait à ma disposition un spécialiste en destructions et sabotages nommé « ALEX », qui allait procéder par lui-même dans le CHER-NORD à un certain nombre d’opérations de cette nature, et former des équipes plus particulièrement affectées au même travail.

En ce qui concerne les voies ferrées, la plus importante au point de vue stratégique était évidemment la grande ligne latérale VIERZON-BOURGES (NEVERS) : elle allait bénéficier en première urgence de nos soins les plus attentifs. En second lieu venait la ligne COSNE-BOURGES, souvent utilisée par les Allemands comme rocade de la grande ligne du Bourbonnais ; enfin la ligne nord-sud, de BOURGES à GIEN d’une part, et à SULLY-sur-LOIRE de l’autre, allait également, malgré sa faible utilisation par l’ennemi, être mise plusieurs fois hors d’usage.

Outre les Chemins de Fer, le canal latéral à la Loire, les câbles téléphoniques, certaines lignes électriques haute tension, pour ne pas parler des fils téléphoniques aériens reliant les villages devaient aussi être l’objet de fréquentes attaques.

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Notre première tentative eut lieu en dehors du département : le 28 juin « ALEX » avec une équipe recrutée localement, faisait sauter de l’autre côté de la Loire un petit pont sur la ligne du Bourbonnais, dans le voisinage de NEUVY, et y interrompait la circulation pour trois jours.

Le lendemain, le dépôt de locomotives du Chemin de fer « économique » à voie étroite (servant aux Allemands pour leurs réquisitions de produits agricoles) était attaqué à VEAUGUES par ROLAND PAVIE, et 5 locomotives sur 7 mises hors d’usage. Le surlendemain, le même ROLAND PAVIE faisait sauter le point de la Reculée sur la ligne de BOURGES à COSNE, et y interrompait le trafic pour 8 jours. Le 9 juillet, après que les Allemands eurent rétabli un pont en bois, ROLAND PAVIE en incendiait les échafaudages et coupait ainsi de nouveau la voie pour une assez longue période. Enfin, le 12 août, sur la même ligne de BOURGES à COSNE, la destruction du pont des Tremblets interdisait la circulation aux convois ennemis que la rupture du pont de BANNAY sur la Loire par les autorités allemandes de la Nièvre vers le 20 août allait par ailleurs définitivement écarter de cette voie de rocade. 

Quant à la grande ligne VIERZON-BOURGES-NEVERS, elle devait être attaquée d’une manière presque incessante par les équipes de destruction de « STAG » et de « DURET » à partir du début de juillet. Dans le seul secteur de VIERZON, au cours d’une période de deux mois environ, jusqu’à l’évacuation définitive de la région par les Allemands, il n’y eut pas moins de 29 sabotages de la voie ferrée. La plupart des
coupures ainsi opérées n’avaient d’efficacité que pour une durée de cinq à six heures, les Allemands ayant placé tout le long des voies des équipes permanentes chargées de les réparer. Mais il y en eut aussi de plus importantes, telles que par exemple la destruction du pont de Chemin de Fer sur le canal du BERRY, à l’est de VIERZON, par « STAG » le 8 août, le dynamitage du Pont-Vert (près de BOURGES), par ALEX vers le 10 août, et, dans le secteur du CHER-EST, les tentatives d’obstruction entreprises à deux reprises dans le tunnel de TENDRON, mais dont les résultats ne furent pas entièrement satisfaisants.

Pendant ce temps, le maquis de MENETOU faisait sauter un pont sur la ligne BOURGES-GIEN, près de HENRICHEMONT, vers le 15 juillet, et interrompait encore la voie ultérieurement à deux reprises en faisant dérailler une locomotive isolée et un convoi. Peu après d’ailleurs, le travail de sabotage sur cette voie fut abandonné en raison de la destruction par l’aviation alliée des ponts de Chemin de Fer sur la
Loire à SULLY et GIEN. Cette action sur les voies ferrées s’accompagnait de multiples autres destructions, telles que, par exemple, vers le 10 juillet, la coupure, par « DURET » de la ligne du Chemin de fer économique VEAUGUES – la GUERCHE, au-dessus du canal latéral à la Loire près de BEFFES, interdisant ainsi aux Allemands, jusqu’à la fin des opérations, l’utilisation du ciment produit par l’usine de cette localité. Au début d’août, par un coup de main extrêmement hardi, « STAG » faisait pénétrer une équipe de sabotage dans le dépôt de locomotives de VIERZON et en mettait 13 hors d’usage. Enfin l’opération la plus brillante et la mieux réussie fut exécutée dans la nuit du 7 au 8 août à BOURGES, sous la direction •< d’ALEX » et de « ROBIN », au cours de laquelle des paquets d’explosifs purent être introduits dans les ateliers de montage de la S.N.A.C, et les ailes et fuselages destinés à l’assemblage d’une vingtaine d’avions furent complètement détruits.

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Sur le canal latéral à la Loire, l’écluse de LÉRÉ avait été dynamitée le 17 juillet (« ALEX » et « MURAT »). La circulation des bateaux devait être ainsi interrompue jusqu’à la fin des opérations.

Le câble téléphonique souterrain longeant la route de la CHARITÉ à BOURGES fut coupé à plusieurs reprises par « DURET » en juillet et août. Malheureusement, la mise hors de service de la ligne ne se prolongeait guère au-delà d’un jour ou deux, les Allemands réussissant toujours à réparer dans des délais incroyablement brefs.

Mais bien entendu, il n’en était pas de même en ce qui concerne les fils aériens téléphoniques du réseau départemental, que les Allemands ne pouvaient prétendre faire réparer à la vitesse à laquelle nous les détruisions. Il y avait un intérêt primordial à leur interdire ainsi l’usage du réseau téléphonique local, qui leur aurait permis, chaque fois que nous aurions été engagés en un point quelconque avec leurs forces de répression, d’appeler du renfort de BOURGES ou d’ailleurs dans les moindres délais.

Lorsque le signal en fut donné, dans le courant de juillet, le sabotage des téléphones sur toute l’étendue du territoire du CHER s’exécuta rapidement et sans incident aucun. Ce travail consciencieusement exécuté, surtout dans le secteur du CHER-EST et le SANCERROIS, devait nous rendre les plus grands services quelques semaines plus tard lorsque la guérilla générale fut déclenchée dans le département.

Le badigeonnage des bornes et des plaques indicatrices, auquel se livrèrent en même temps les groupes de village, fut également fort utile pour aider à désorienter les colonnes ennemies chaque fois qu’elles se hasardaient à sortir des grands itinéraires. Là encore nous devions en avoir la confirmation en août, surtout dans le SANCERROIS.

 

Enfin, pour terminer cette énumération des entreprises de destruction et de sabotage menées à bien durant cette période, je dois signaler ici une opération d’un caractère différent, mais qui n’en ait pas moins de répercussions sur l’ennemi et ses agents à BOURGES même : vers le 10 Août, sur mon ordre, le Chef de la Milice de BOURGES, un nommé THEVENOT, était abattu à coups de revolver à 3 h de l’après-midi en pleine ville. Cette exécution devait fortement démoraliser les Miliciens placés sous ses ordres (au nombre de 200 environ) et contribuer, semble-t-il, à provoquer leur départ précipité vers l’Allemagne une semaine plus tard.

 

 

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Aux derniers jours de juillet, la rupture du front allemand en Normandie et le débordement des armées alliées en direction de la Loire pouvaient laisser présager que les régions du CHER-NORD et de la SOLOGNE ne tarderaient pas à s’animer à leur tour. Aussi bien les deux premières semaines d’août furent-elles mises à profit en toute hâte pour compléter l’organisation et l’armement des forces de la résistance dans les différents secteurs, et en particulier pour faire grossir les effectifs des deux groupements de maquis IVOY et MENETOU, établis dans le centre du département, et auxquels j’avais l’intention de faire jouer un rôle de premier plan dans les opérations futures. Durant cette quinzaine, les
volontaires ne cessèrent pas de se présenter dans les camps de triage de ces maquis en nombre nettement plus important que les arrivages d’armes par parachutages ne permettaient d’en équiper. La disproportion qui en résultait constituait pour nous un constant souci, car, instruit par l’expérience de ce qui s’était passé peu auparavant dans plusieurs départements voisins (et notamment dans la Nièvre), j’étais absolument opposé à enrôler dans des groupes en opérations des hommes qui n’auraient pu être dotés chacun au préalable d’une arme individuelle en bon état de fonctionnement. J’adressais à cet effet de pressants appels à LONDRES par l’intermédiaire de « FELIX » qui provoquèrent heureusement deux
importants parachutages (3 avions chacun), à quelques jours d’intervalle, le premier sur MENETOU-RATEL, le second sur le bord de la forêt d’IVOY, le 8 août. Par ce même parachutage arrivèrent, sans que j’en eusse été prévenu au préalable, une quinzaine de parachutistes anglais appartenant aux S.A.S., et une mission de liaison alliée composée d’un Officier américain, d’un Officier français et d’un opérateur radio.

Tandis que ces nouveaux parachutages d’armes me permettaient de grossir les effectifs des maquis d’IVOY et de MENETOU aux environs de 350/400, l’arrivée dans le département de ces représentants de l’Armée Alliée constituait un événement de la plus haute importance au point de vue des opérations comme sur le plan moral. La mission de liaison allait me permettre de resserrer le contact avec LONDRES, d’améliorer la cadence des parachutages, et surtout de renseigner chaque jour le commandement allié sur les mouvements des Allemands, nos propres intentions et les objectifs à faire bombarder par l’aviation (trains de munitions et d’essence, convois sur routes, etc.). Quant aux S.A.S.,
leur chef, le Major LEPINE, me fit connaître que leur mission consisterait d’une part à réaliser des sabotages et destructions dans toute la région, d’autre part à tendre les embuscades aux colonnes allemandes lorsque la guérilla générale serait déclenchée.

En fait, le détachement de S.A.S. du Major LÉPINE ne fit que peu de besogne ; les voies ferrées avaient déjà été sabotées par nos soins dans toute la partie nord de mon secteur, et comme les ponts de Chemin de Fer sur la Loire avaient d’autre part été détruits par l’aviation à GIEN et à SULLY, la tâche des S.A.S. dans cet ordre d’idées fut inopérante. Quant aux embuscades, le Major LÉPINE se montra toujours
beaucoup trop hésitant avant de donner l’ordre à son détachement d’aller se porter sur un itinéraire quelconque où une colonne allemande lui était signalée, en sorte que les accrochages espérés dans la généralité des cas ne se produisirent plus.

Par contre, un second détachement S.A.S. sensiblement de la même importance, commandé par les Lieutenants DAVIDSON et SCHLEE, et parachuté le 18 août dans le secteur du CHER-EST, chez le Capitaine DURET », fit, durant trois semaines, aussi bien en matière de destructions que dans la guerre d’embuscades, un excellent travail en parfaite coopération avec les F.F.I. de cette région. Evidemment, les objectifs à saboter s’y trouvaient plus nombreux et plus importants qu’autour de la forêt d’IVOY, mais l’initiative, le coup d’œil et l’esprit de décision des Chefs y furent également pour beaucoup.

Toujours pendant cette première quinzaine d’août, mes négociations avec les F.T.P. du département prirent enfin une tournure favorable qui permit d’aboutir à un accord au sujet du commandement et de l’armement en matériel parachuté des groupes F.T.P. du CHER-NORD.

L’effectif qui me fut annoncé à cette date pour ces groupes était de l’ordre de 150 à 180, auxquels s’ajoutaient quelques groupes de villages (milices patriotiques), surtout à l’Est d’AUBIGNY et dans le Sud du SANCERROIS. Il fut convenu que dans le cadre des directives générales, qui m’étaient données (soit par « St-PAUL », soit par la mission alliée), je leur transmettrais désormais les ordres d’opérations par
l’intermédiaire de « JEAN BAPTISTE » - Commandant MAGNON -, que les autres dirigeants F.T.P. du département s’étaient mis d’accord pour désigner afin de prendre la liaison auprès du Commandement Départemental F.F.I. Il fut convenu d’autre part que je prélèverais sur les prochains arrivages de matériel parachuté, l’armement nécessaire pour compléter l’équipement des Groupes F.T.P. qui m’avaient été signalés dans les différents secteurs, afin de les mettre en mesure d’accomplir les missions d’ordre militaire qui leur seraient confiées.

Cet accord entra en vigueur vers le 10 août, et je trouvais aussitôt auprès du Commandant MAGNON un esprit de franche et loyale coopération qui permit d’associer sans retard un certain nombre de groupes F.T.P. ou « milices patriotiques », qui m’avaient été signalés par lui, aux opérations de guerilla générale qui furent déclenchées, comme on le verra plus tard, à partir du 16 août.

En ce qui concerne l’armement, il y avait eu malheureusement beaucoup de temps perdu. Fin juillet au début d’août, nous avions eu quelques bons parachutages, dont le produit avait été aussitôt distribué dans les différents secteurs et maquis. Par contre, durant les deux ou trois semaines suivantes, malgré nos appels répétés par radio, les parachutages s’espacèrent tandis que leur contenu comportait de plus en plus de munitions et de moins en moins d’armes individuelles. Cette circonstance devait entraver dans une certaine mesure l’armement rapide des groupes F.T.P. contrôlés par le Commandant MAGNON. Néanmoins, il me fut possible, entre le 10 et le 25 août, de remettre une quarantaine de fusils et plusieurs F.M. au groupe « milice patriotique » d’IVOY-le-PRÉ, dirigé par PAILLARD, un lot de munitions et un F.M. au Capitaine « Louis » à MERY-ès-BOIS, trois bazooka, 5 à 8 F.M. et une cinquantaine d’armes individuelles au groupe F.T.P. « GASTON » cantonné dans la région de VOUZERON et destiné à opérer sur la route ainsi que la voie ferrée VIERZON-BOURGES.

D’autre part, dans plusieurs secteurs, de petits groupes locaux F.T.P. (notamment à VIERZON et dans le CHER-EST) se mirent spontanément à la disposition des Chefs F.F.I. et participèrent aux combats, à partir du 15 août, sous leurs ordres et dans les mêmes conditions que les autres formations constituées antérieurement sous mon commandement dans le CHER-NORD.

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C’est le 12 août au soir que fut donné pour la première fois à la radio l’ordre de guerilla générale pour le département du CHER (ainsi d’ailleurs que pour les départements voisins situés au Nord, à l’Ouest et au Sud par le message en langage conventionnel « En avant la cavalerie ».

 

 

De quels moyens pouvais-je disposer à cette date pour harceler d’une manière efficace des colonnes allemandes dont on m’annonçait le passage imminent à travers le département ?

Les deux secteurs du CHER-EST et de VIERZON, sous le Commandement de « DURET » et de « STAG » étaient prêts à commencer la guérilla avec un effectif de 300 hommes armés environ chacun (dans chaque secteur approximativement 25 fusils-mitrailleurs et 3 ou 4 bazooka ou pist.). Ayant à s’attaquer l’un et l’autre au principal axe de marche des Allemands VIERZON-BOURGES-NEVERS, tout semblait indiquer qu’ils auraient dans les prochains combats à supporter le poids principal de la lutte.

BOURGES n’était pas encore armé, pour les raisons que j’ai indiquées plus haut, mais la situation nouvelle créée par le mouvement généralisé de repli des Allemands à travers l’Ouest et le Centre de la France allait me permettre de demander enfin des parachutages à leur intention sur des terrains situés à proximité de la ville même.

Le SANCERROIS, pays très vallonné, coupé de haies et de boqueteaux, avec un effectif organisé en groupe de village de 350 à 400 hommes armés au total (dont la moitié environ avec de vieux fusils de récupération) et une quinzaine de fusils-mitrailleurs, était en mesure de se transformer immédiatement en un vaste traquenard où les convois allemands ne sortiraient pas indemnes. Mais cette organisation
uniquement prévue pour mener une guérilla tout à fait locale, n’offrait aucune mobilité, et je ne pouvais songer à y prélever des colonnes volantes destinées à opérer en dehors du secteur.

Par contre, les deux maquis du centre du département, celui d’IVOY et celui de MENETOU, avaient été prévus précisément dans cette intention : formé en petits groupes indépendants, d’une quinzaine d’hommes chacun (avec un ou deux F.M. par groupe), vivant en bivouac dans les bois ou dans les fermes abandonnées, montés sur bicyclettes (bientôt ils allaient être motorisés sur des voitures de tourisme et camionnettes réquisitionnées), les effectifs qui composaient ces 2 maquis atteignaient à la mi-août environ 150 hommes pour IVOY et 200 hommes pour MENETOU. Dans la guérilla qui allait commencer, il leur incomberait d’accrocher l’ennemi aussi bien sur les grands itinéraires latéraux à LAMOTTE BEUVRON-AUBIGNY ou ARGENT SANCERRE et SALBRIS LA CHAPELLE D’ANGILLON - LES AIX - SANCERGUES, que sur la route nationale 140, traversant en ligne droite tout le milieu du département de BOURGES à ARGENT-sur-SAULDRE. Pour accomplir cette besogne d’une manière efficace l’armement et les effectifs ne manquaient pas, mais je ne pouvais oublier qu’il s’agissait, pour les 9/10  de ces derniers,
d’hommes, et souvent aussi de gradés, n’ayant jamais fait aucun service militaire et que nous avions armés, organisés en groupes et expédiés dans leur zone d’opérations dans les trois ou quatre jours après leur arrivée au camp de triage.

Avec des troupes aussi peu expérimentées et aguerries, auxquelles le temps avait manqué de donner un minimum de cohésion et d’entraînement à la manœuvre, il n’allait naturellement pas être possible de se lancer dans n’importe quel genre d’opérations contre l’ennemi.

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Durant la période de temps qui s’est écoulée entre le 15 août et le 6 septembre, soit trois semaines environ, au cours desquelles le « nettoyage » des Allemands fut mené à bonne fin sur tout le territoire du CHER-NORD, on peut distinguer trois phases successives :

·         Jusqu’au 21 août approximativement, une certaine panique se manifeste chez les Allemands, en particulier à BOURGES, qui pouvait laisser à penser qu’ils allaient évacuer immédiatement et sans combat la totalité de la région se trouvant au sud et à l’ouest de la Loire.

·         Entre le 22 et le 30 août, l’ennemi, paraissant se ressaisir, s’accroche à BOURGES, à VIERZON et ailleurs, y organise une défense au moins sommaire (canons anti-chars sur les routes, barrages etc..) tandis que les colonnes hippomobiles et motorisées, ainsi que des trains de troupes, traversent à la cadence quotidienne de 5 000 hommes et plus le département d’Ouest en est vers la CHARITÉ et NEVERS.

·         Du 30 août au 6 septembre, la cadence des passages de troupes s’élève jusqu’à atteindre 15 000 à certains jours, les garnisons de BOURGES et de VIERSON procèdent aux destructions de dernière heure, puis finissent par s’en aller à leur tour. Le 6 septembre au soir, tout le territoire du CHER-NORD est entièrement libéré.

 

J’avais dans la journée du 14 août, transmis l’ordre de guérilla générale aux secteurs du CHER-EST et de VIERZON. Il s’agissait, pour ces derniers, d’adopter immédiatement la formation « maquis », c’est-à-dire de faire sortir leurs effectifs des villes et villages, de les regrouper « dans la nature » en petits éléments mobiles, et de les faire travailler à cheval sur les principaux itinéraires OUEST-EST empruntés par l’ennemi.
J’avais d’autre part, donné l’ordre aux deux maquis d’IVOY et de MENETOU de monter, à partir du 16 août toute une série d’embuscades permanentes sur les routes menant aux différents ponts de Loire : COSNE, St-SATUR, POUILLY et SANCERGUES, ainsi que sur la route nationale 140.
Enfin, le SANCERROIS avait été mis en état de « mobilisation générale » et chaque village s’était organisé aussitôt un système défensif propre avec rondes, patrouilles, postes de garde, etc..

 

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Pour la clarté de l’exposé, je diviserai le récit de ce qui s’ensuivit selon les trois phases indiquées plus haut.

1) - Les premières embuscades, malgré l’inexpérience de la plupart de ceux qui y prenaient part, furent clans leur ensemble assez bien réussies. A cette date, l’ennemi n’était guère sur ses gardes. Il empruntait sans beaucoup de méfiance les grands itinéraires, notamment par petites colonnes isolées de camions, de voitures à chevaux ou de bicyclettes, sans leur assurer, comme il devait le faire une semaine ou deux
plus tard, aucune protection avec des voitures blindées ou des chars.

 

Parmi les opérations couronnées de succès durant cette période, il y a lieu de signaler :

-          Dans le secteur de VIERZON, l’attaque d’un convoi et la destruction de 5 camions le 18 août, près de l’Etoile, puis dans la nuit du 18 au 19, de deux voitures légères sur la route de VIERZON à BOURGES. Une quarantaine d’allemands sont mis hors de combat, dont au moins une quinzaine de tués.

-          Dans la zone desservie par le maquis de MENETOU, plusieurs petits convois motorisés allemands sont pris à partie :
le 15 août, sur la route ALLOGNY-SALBRIS (4 camions, une dizaine de tués et blessés), le 19, sur la route de BOURGES à la CHARITÉ (2 voitures légères et un side-car détruits, 11 Allemands tués, plusieurs blessés) ; le 20 à FUSSY, sur la grand’route BOURGES-ARGENT (10 tués, 3 prisonniers).

-          Enfin dans la zone du maquis d’IVOY, les 19 et 20 août, une série d’embuscades particulièrement bien coordonnées permettait la destruction à peu près totale d’un convoi hippomobile ennemi d’une centaine d’hommes et d’une vingtaine de voitures. Ce convoi avait d’abord été signalé vers 15 heures passant à la CHAPELLE d’ANGILLON en direction de SANCERRE. Trois groupes du maquis d’IVOY partent à sa poursuite. A 21 heures, un premier groupe tend une embuscade à la colonne ennemi à l’entrée de SENS-BEAUJEU, 4 Allemands sont tués et 3 blessés. L’ennemi cantonne ensuite dans le village. Malheureusement une voiture légère  d’un autre groupe, conduite par le Chef de section MOULIN », qui ignorait la présence des Allemands à SENS-BEAUJEU se présente en pleine nuit à l’entrée de l’agglomération, tous ses occupants
sont sauvagement massacrés. Le 20 au matin, la colonne se remet en route à 7 heures. Aux abords de la côte de BELLECHAUME, sous un épais brouillard, les trois groupes d’IVOY embusqués ouvrent le feu à très courte distance avec 6 F.M. En dix minutes, environ 20 à 25 Allemands sont tués, ainsi que 3 chevaux. L’ennemi se regroupe à grand’peine, et abandonne 2 voitures ainsi qu’un important matériel. Il emporte cependant ses blessés. Une heure plus tard, le convoi est attaqué à nouveau en deux embuscades successives au bas de la côte de BELLECHAUME et près du carrefour de la route de BOURGES, par les groupes de village du SANCERROIS (BUÉ, SURY-en-VAUX, St-SATUR, SANCERRE). 5 Allemands sont tués. Les survivants abandonnent encore 3 voitures (dont une cuisine roulante) et 6 chevaux, puis s’enfuient en direction de BOURGES, où ils sont encore harcelés par la suite. Seuls, quelques rescapés réussissent à rallier BOURGES le lendemain.

 

Pendant que ces engagements se poursuivaient ainsi non sans succès, à travers le territoire du CHER-NORD, les renseignements qui me parvenaient dans la journée du 19 tendaient à indiquer que les Allemands étaient sur le point d’évacuer complètement toute notre région pour se retirer à l’Est de la Loire ou au Sud de BOURGES. La veille déjà, l’ennemi avait fait sauter le dépôt de munitions de SALBRIS, menacé, disait-on (à tort), par une colonne de blindés américains ayant traversé la Loire à TOURS et se dirigeant vers le Sud-Est. La canonnade entendue d’autre part au nord de la Loire paraissait, elle aussi se déplacer vers l’Est. Indices plus probants, durant tout l’après-midi du 19 à AVORD et à BOURGES les explosions se succédèrent, carburants, munitions, ateliers, dépôts de vivres, etc.. Les agents de liaison qui m’étaient envoyés presque d’heure en heure de l’intérieur même de la ville me signalaient les préparatifs du départ des dernières troupes allemandes s’y trouvant encore. Quant à la Gestapo, aux diverses Kommandantur, etc.. elles étaient déjà parties durant les jours précédents. A BOURGES, on paraissait croire que l’évacuation serait terminée dans la nuit du 19 au 20 août et que nous pourrions y entrer sans coup férir le lendemain matin.

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Sur la base de ces renseignements, je me décidais à tenter l’opération : d’une part, « DURET » reçut l’ordre de se porter le 20 au matin en direction de la ville avec le maximum de ses forces, en partant de la région de NÉRONDES et d’AVORD ; d’autre part, je regroupais dans la nuit du 19 au 20 tous les maquis de MENETOU en quatre « sections de 60 à 80 hommes environ chacune, disposées en arc de cercle autour de BOURGES, et à une distance de 10 à 15 km de la ville, près de l’Epinière (vers le carrefour de la route BOURGES-ORLÉANS et BOURGES-VIERZON), à FUSSY (route BOURGES-AUBIGNY) à TURLY (route BOURGES-SANCERRE), et dans les environs de MAUBRANCHE (route BOURGES-SANCERGUES). Ces forces devaient se tenir prêtés à marcher sur BOURGES le 20 au matin dès que j’aurais reçu par le premier agent de liaison sorti de la ville, avis que les Allemands l’auraient évacuée. Enfin, je fis passer un message au Colonel BERTRAND, qui commandait les F.F.I. dans le CHER-SURD, pour lui faire connaître mon intention, et lui permettre, le cas échéant, de faire simultanément entrer ses troupes dans la ville par le Sud.

Mais les Allemands cette nuit-là parurent changer complètement d’avis. Le 20 août au matin j’apprenais que, contrairement à notre attente, la garnison de BOURGES avait été renforcée par d’assez forts détachements venus de l’Ouest, et qu’elle commençait à s’organiser défensivement en divers points autour de la ville. Les groupes du maquis de MENETOU furent en conséquence stoppés sur place. Quant aux forces du Capitaine « DURET », elles ne purent malheureusement pas être touchées à temps, et plusieurs de ses groupes, amorçant la marche sur BOURGES, se heurtèrent à d’importants convois allemands filant en sens inverse. Une série de bagarres en résultèrent où quelques pertes furent
infligées à l’ennemi (notamment 5 tués dans les rues même de MORNAY BERRY) sans qu’il ait eu aucune heureusement à déplorer de notre côté.

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En fait notre entrée à BOURGES allait encore être retardée d’une quinzaine de jours.

Mais, pendant que nous étions ainsi maintenus dans l’attente face au Sud, la libération d’une portion importante du territoire du SANCERROIS s’accomplissait d’autre part sans coup férir ; le 18 août, les Allemands avaient fait sauter le pont de COSNE, ce qui allait obliger leurs colonnes en retraite à obliquer plus au Sud. Dès le 19 août, en conséquence, « CHARPENTIER » donnait l’ordre aux F.F.I. d’occuper en
armes tous les villages situés au Nord de la route VAILLY-SANCERRE. Les Chefs cantonaux et communaux F.F.I. prenaient en main aussitôt l’administration, le ravitaillement, la police (en accord avec les gendarmeries) et se substituaient au pouvoir préfectoral défaillant. Cette organisation devait fonctionner jusqu’au milieu de septembre d’une manière parfaite, sans qu’on ait eu à signaler de réquisitions ou d’arrestations abusives, ni de désordres quelconques, et à la satisfaction générale des habitants.

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2) - Après le 20 août, la situation générale dans le CHER-NORD devait demeurer sans changement notable durant une dizaine de jours. Sur l’axe VIERZON-BOURGES, SANCERGUES et BOURGES-NEVERS, de nombreux convois ne cessaient de défiler, mais en général leur protection était assurée par quelques blindés ou chars intercalés parmi les camions, ou placés en tête et en queue des colonnes, ce qui rendait
naturellement beaucoup plus hasardeuses nos tentatives d’embuscades. Les voitures isolées et les petites colonnes hippomobiles, qui avaient constitué jusqu’alors pour nous une proie facile, devinrent de plus en plus rares. D’autre part, les trains de troupes traversant VIERZON et BOURGES se succédaient à raison de 3 ou 6 par jour et un train blindé composé de 9 wagons, comportant 4 pièces de 88 et deux chars (montés sur wagons-plateformes), allait et venait entre la GUERCHE et VIERZON pour assurer, semblait-il, la protection de la voie. Un renseignement recueilli le 24 août annonçait encore le passage après cette date de deux divisions complètes venant de l’Ouest (140 trains).

La libération de BOURGES ne paraissait donc plus devoir être imminente. Dans la partie Nord de notre région, au contraire, les passages de troupes se raréfièrent entre le 20 et le 28 août à tel point que nous en fûmes à plusieurs reprises amenés à penser que les Allemands renonceraient désormais à emprunter les itinéraires Ouest-Est entre La Chapelle d’ANGILLON et ARGENT.

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Pour tenter de faire donner par le Commandement allié une solution à ce problème, je décidais avec le Capitaine THOMSON (de notre mission de liaison arrivée par parachute le 8 août) d’entrer en contact avec un général américain. Nous traversons le 23 août la Loire à OUZOUER, et dans l’après-midi sommes reçus du côté de ISDON par le Général EDDY, commandant le 12e C.A. (qui, au même moment, était en
train de s’emparer de MONTARGIS). Celui-ci nous expliqua les raisons pour lesquelles le Commandement allié se trouve dans l’impossibilité absolue de s’étendre de l’autre côté de la Loire. Evidemment, il ne méconnaît pas l’intérêt qu’il y aurait à envoyer (comme nous le lui demandons) quelques blindés dans le CHER qui pourraient infliger de terribles dégâts aux colonnes ennemies retraitant sur la CHARITÉ et NEVERS - et qui pourraient aussi attendre au passage les Allemands venant du Sud d’ORLÉANS lorsqu’ils se décideraient à décamper, et les malmener sérieusement ou même à leur couper la retraite. Mais le Général EDDY ne dispose pas de moyens suffisants pour distraire même un
petit nombre de blindés de son axe de marche orienté vers le NORD-EST, en direction de TROYES, BAR-le-DUC, etc.. Tout ce qu’il pourra faire, c’est de nous envoyer 17 bazookas, avec un lot important de munitions que nous irons faire enlever le lendemain par un camion au passage de la Loire à OUZOUER. Ces armes anti-chars devaient nous servir les jours suivants à renforcer l’armement des groupes chargés de monter des embuscades sur les principaux itinéraires de repli de l’ennemi.

Entre temps, le maquis d’IVOY avait occupé AUBIGNY et ensuite ARGENT le 22 août. Ces occupations complétaient celles faites précédemment dans le Sancerrois.

Puis, le 23 août, la presque totalité des maquis d’IVOY se lancèrent à la poursuite d’une colonne hippomobile ennemie signalée dans le Sud du Loiret. Durant les jours précédents, il avait été possible par des réquisitions locales de voitures légères et de camionnettes de motoriser tous les groupes de ce maquis d’IVOY, leur conférant ainsi une mobilité que limitait seule la difficulté de se procurer du carburant. Dans la soirée du 23, le convoi allemand traverse la Loire sur le pont-canal de Briare, le lendemain matin les maquis d’IVOY passent la Loire à leur tour, libèrent BRIARE et GIEN (où les Américains n’étaient pas encore entrés), retrouvent la colonne ennemie à OUZOUER-sur-TREZÉE, et se mettent en embuscade pour l’attaquer à la sortie de BRETEAUX.

Malheureusement, on ne put engager que les 5 ou 6 dernières voitures du convoi (qui furent capturées), et les pertes de l’ennemi ne furent guère importantes (quelques prisonniers).

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Le 26 août, un petit détachement motorisé allemand réoccupe ARGENT (300 hommes, une cinquantaine de camions et voitures).

Par suite d’une fausse manœuvre, 3 de nos hommes sont faits prisonniers. Dans la soirée, nous plaçons des embuscades sur toutes les routes débouchant d’ARGENT en vue de le cerner dans la ville. A la tombée de la nuit un premier détachement ennemi tente de forcer le « bouchon » placé en avant d’AUBIGNY, il est repoussé avec pertes (5 tués, 5 prisonniers, un camion capturé avec un canon D.C.A. de 25 mm. Cette tentative est recommencée par l’ennemi un peu avant le jour, mais cette fois-ci en direction de LAMOTTE-BEUVRON. Il réussit à forcer notre « bouchon » près de CLEMONT (quelques pertes chez l’ennemi, une voiture et une moto détruites. Rien chez nous).

Durant les jours suivants, les Allemands se décident, à évacuer la « poche » au Sud d’ORLÉANS et reviennent en force dans toute la région septentrionale du département.

A partir du 28 en particulier, des effectifs considérables, en colonnes de toutes armes, sous la protection de quelques blindés ou chars intercalés dans les convois, traversant le CHER-NORD, empruntant tantôt la route ARGENT ou AUBIGNY-SANCERRE, tantôt la route SALBRIS - LA CHAPELLE d’ANGILLON - LES AIX, tantôt aussi la route 140 vers le Sud. D’autres se dirigent directement sur BOURGES par LAMOTTE-BEUVRON. L’importance de ces convois, et aussi la présence des blindés vont rendre beaucoup plus difficiles les embuscades. Plusieurs d’entre elles échouent. D’autres réussissent au moins partiellement, notamment le 31 août entre AUBIGNY et ARGENT, où 8 camions furent attaqués et où l’ennemi aurait perdu (selon des renseignements recueillis ultérieurement à ARGENT) 28 morts et 32 blessés, et
le 1er septembre entre CONCRESSAULT et VAILLY (5 tués et plusieurs blessés).

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Pendant que nous menions ces opérations, un détachement de 4 « Jeeps » avait passé la Loire à BRIARE, et était venu rejoindre les parachutistes S.A.S. en forêt d’IVOY le 29 août. Ces « Jeeps », placées sous le commandement du Major LÉPINE (bien que servies par des équipages français) étaient destinées à monter elles aussi des embuscades sur les principaux itinéraires empruntés par l’ennemi.
Malheureusement les hésitations perpétuelles de leur Chef empêchèrent qu’elles ne fussent employées utilement durant les journées suivantes en coopération avec nos groupes de maquis, et les dégâts qu’elles purent infliger aux Allemands furent à peu près nuls. D’ailleurs, elles arrivaient beaucoup trop tard pour pouvoir faire une besogne fructueuse.

·         Dans le Sancerrois, les dernières journées d’août furent marquées par deux tragiques incidents : tout d’abord, le 26 août, à St-SATUR, où une assez forte équipe du groupe de village local assurait la garde du pont sur la Loire - notamment avec un plat - en vue d’en interdire dans la mesure du possible le passage aux colonnes ennemies venant de l’Ouest, un camion rempli d’Allemands, arrivant par la route d’HERRY qu’on avait négligé de surveiller, vint surprendre le P.C. des F.F.I., sur le bord du canal. Tous les occupants du P.C. au nombre de 7, dont les Capitaines THEVÉNY et PERROUX, furent sauvagement massacrés. Les Allemands se retirèrent aussitôt après sans que nos hommes placés en d’autres points de l’agglomération aient eu le temps de les prendre à partie.

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Deux jours plus tard, le 28 Août, à la tombée de la nuit, la première des colonnes allemandes venant de la « poche » au sud d’ORLÉANS, qui suivait la route d’ARGENT à SANCERRE, se heurta à l’entrée de VAILLY à un petit détachement de nos hommes qu’accompagnait le Capitaine BARON, Chef F.F.I. cantonnai. Celui-ci fut abattu sans pouvoir se défendre.

Durant les trois journées suivantes, les convois allemands défilèrent à peu près sans interruption nuit et jour en direction du sud-est, principalement par l’itinéraire AUBIGNY ou ARGENT - VAILLY - SANCERRE, comme indiqué plus haut, mais parfois aussi par quelques petites routes latérales. De SANCERRE, ils gagnaient le pont sur la Loire à la CHARITÉ en passant par SANCERGUES. Malgré la présence d’assez
nombreux blindés, quelques embuscades furent tentées par les troupes de village, notamment à JARS le 29 août, à BELLECHAUME dans la nuit du 29 au 30 août, et encore le lendemain dans la soirée (avec le concours de 2 jeeps du 4e Bataillon de parachutistes français ayant passé la Loire à BRIARE), à MENETOU-RATEL le 31 août à la tombée de la nuit, etc.. Quelques pertes furent infligées à l’ennemi sans qu’on ait pu les déterminer avec exactitude. D’autre part, un nombre croissant de prisonniers se laissait ramasser dans le Sancerrois sans chercher beaucoup à se défendre.

Le 31 août, le Sous-Lieutenant MILLET capture à SURY-ès-BOIS un détachement allemand de 30 cyclistes au complet, qui s’étaient visiblement égarés par suite du badigeonnage des plaques indicatrices. Le même jour, 5 autres sont pris près de SANCERRE, des traînards ramassés dans les bois et ailleurs.

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Au 6 septembre, le Sancerrois comptait ainsi une soixantaine de prisonniers de toutes armes.

Les derniers passages de troupes provenant de la « poche » au Sud d’ORLÉANS eurent lieu dans les journées du 1er et du 2 septembre.

 
Après cette date, les routes par où il était passé tant de convois ennemis, d’ARGENT, d’AUBIGNY et de la CHAPELLE d’ANGILLON en direction de SANCERRE et de la CHARITÉ, se trouvèrent enfin définitivement libérées, et il nous fut possible de concentrer dès lors notre attention exclusivement sur le dernier axe de repli allemand VIERZON-BOURGES-NEVERS, plus au sud.


·         VIERZON : A cette date le Capitaine « STAG » disposait de 350 hommes armés environ. D’autre part, les effectifs allemands stationnés dans la ville se maintenaient aux environs de 500, et les passages de troupes se chiffraient pas plusieurs milliers chaque jour.
 Le 22 Août sur la route de TOURS à VIERZON, 3 camions chargés de troupes sont mitraillés, deux autres ainsi qu’une voiture légère sont mis hors d’usage pur les « crève-pneus », des pertes sérieuses étant infligées aux passagers. Le même jour enfin, sur la route de VIERZON à BOURGES, un sixième camion est détruit (3 tués et plusieurs blessés).

 

Le 23 août, combat important, toujours sur la route de TOURS à VIERZON, une trentaine d’Allemands sont mis hors de combat ; malheureusement, en revenant de l’embuscade, une des voitures de « STAG » est mitraillée par l’aviation de chasse américaine et perd 2 tués. Et pendant les huit jours suivants, il se produit encore quotidiennement un ou plusieurs accrochages avec des colonnes allemandes sur la route nationale de part et d’autre de VIERZON. Ce n’est que le 1er Septembre que la retraite ennemie par cet itinéraire paraît approcher de sa fin. Le personnel de gare, la D.C.A., la Compagnie de Sécurité, la Feldgendarmerie et la Kommandantur ont quitté VIERZON. Les derniers convois signalés (très importants d’ailleurs) passent soit au Sud de la ville (venant de CHATEAUROUX), soit au Nord se dirigeant de SALBRIS sur BOURGES par NEUVY-sur-BARANGEON, ceux-ci venant naturellement de la fameuse « poche » allemande au Sud d’ORLÉANS, dont les effectifs (comme déjà signalé) avaient commencé à se mettre en mouvement le 28 au soir à travers le territoire du Cher-Nord.

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· MENETOU : Les derniers parachutages avaient permis de porter aux environs du 20 août l’effectif du maquis de MENETOU à 300 hommes, à peu près répartis en 4 sections placées aux abords de chacune des principales voies d’accès à BOURGES (L’Epinière, Fussy, Turly et Brécy), plus une réserve à Parassy. Entre cette date et les premiers jours de Septembre, l’activité déployée par ces sections fut particulièrement remarquable, car les objectifs ne manquaient pas :

 

Le 24 août, la section du Sous-Lieutenant de la CHAISE détruit un camion (route de Mehun à BOURGES) et met hors de combat une vingtaine d’Allemands, puis capture deux voitures légères et fait 4 prisonniers. Le lendemain, c’est le tour de deux camions, dont tous les occupants sont mis hors de combat. Le 26 août, la même section fait sauter encore un camion sur une mine, et en attaque trois autres au F.M. infligeant des pertes en tués et blessés à l’ennemi. Celui-ci se venge en incendiant deux fermes près de MONTILEY et en fusillant deux civils.

Le 27 août, un camion est attaqué au bazooka et détruit. Le 29 août, un char léger subit le même sort. Puis durant les journées des 30 et 31 août, des détachements cyclistes sont pris à partie, et une dizaine d’entre eux tués. Des mines anti-chars sont posées sur la route de MEHUN à BOURGES, et font sauter des véhicules dans un convoi. Le 1er Septembre enfin, les attaques au F.M. contre les camions reprennent : 10 tués ce jour-là, et encore une douzaine le lendemain dans l’attaque par surprise d’un poste de garde allemand à la bifurcation des routes BOURGES-VIERZON-ORLÉANS. Mais déjà c’est la fin de la retraite allemande sur BOURGES et la section de LA CHAISE ne va plus avoir désormais de convois à attaquer sur cet itinéraire où elle avait ainsi en moins d’une quinzaine de jours infligé de sérieuses pertes à l’ennemi.

Pendant ce temps, au centre, la section du Sous-Lieutenant « MASECH » cantonnés dans la région de Fussy, prend à partir les colonnes allemandes sur la route nationale 140. Le 26 août, 8 camions sont mitraillés, presque à bout portant, par quatre fusils-mitrailleurs le lendemain, l’opération est recommencée dans les mêmes conditions contre une voiture légère.

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Le 31 août, la section « Masson » exécuta un coup de main contre le dépôt d’essence « Toneline » à ASNIÈRES. Les fûts contenant plusieurs milliers de litres sont percés, 4 Allemands sont blessés, Le 1er et le 2 Septembre, les attaques reprennent contre les convois descendant vers BOURGES par la nationale 140, une voiture d’Etat-Major est détruite et ses quatre occupants sont tués. Mais c’est à l’est de BOURGES, sur les routes menant vers la CHARITÉ et NEVERS, que les engagements les plus durs devaient avoir lieu. Deux sections opéraient dans cette région, celle du Sous-Lieutenant BOURLIER et celle du Sous-Lieutenant MUFFRAGI. Le 26 août, sur la route BOURGES-NEVERS, cette dernière attaque un convoi de miliciens, dont une demi-douzaine sont tués et de nombreux autres blessés, le 28, la même section détruit un camion allemand au passage à niveau de FRANLIEU, tuant 5 et blessant 2 de ses occupants. Le 29 août, elle attaque encore un convoi, puis le 2 Septembre elle prend sous le feu de ses F.M. un groupe de 4 camions allemands sur la route de la CHARITÉ, infligeant des pertes certaines à l’ennemi.

Pendant ce temps, la section BOURLIER, cantonnée près de TURLY, sur la route de BOURGES à SANCERRE, où il ne passait presque jamais de convois allemands, consacrait tout son temps à des destructions répétées sur la voie ferrée BOURGES-NEVERS; le 25 août, coupure à MEHUN-sur-YÈVRE, en 3 endroits. Le 28 août, sabotage de l’aiguillage de St GERMAIN DU PUY. Le 1er Septembre, pose de mines antichars sur la voie à l’est de cette dernière localité.

Le même jour, le Sous-Lieutenant BOURLIER, seul avec un autre soldat, réussit par un coup de main extrêmement hardi à capturer près de BRÉCY une voiture d’Etat-Major avec ses trois occupants, et à la ramener directement au P.C. du Commandant F.F.I. du Cher-Nord. Parmi les papiers saisis sur un des Officiers se trouvait un ordre de marche de la XVIe Division, qui traversait précisément le département ce jour-là, avec indication des itinéraires de repli pour toutes les unités, des dates et des points de passage et de stationnement, etc.. jusque dans la région de Beaune, où cette division devait se rendre.. Cet ordre fut aussitôt remis, dans la soirée à l’Etat-Major américain siégeant à Orléans, qui put ainsi, durant les journées suivantes, faire harceler efficacement par l’aviation et les blindés la XVIe Division en retraite, de l’autre côté de la Loire, jusqu’aux abords de DIJON.

Malheureusement, quelques heures plus tard, l’auteur de cette très brillante capture, le Sous-Lieutenant BOURLIER, tombait aux mains des Allemands et était fusillé par eux la veille de leur départ de BOURGES. Quant à la section qu’il commandait, elle était attaquée à son tour par un fort détachement allemand, et pour éviter d’être cernée, obligée à se disperser en direction de SOULANGIS, heureusement sans pertes appréciables.

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·         CHER-EST : Ce secteur, sous les ordres du Capitaine « DURET » avait encore grossi ses effectifs durant la seconde quinzaine d’août, ceux-ci dépassant largement 300 hommes vers cette époque. Et tandis que les convois allemands en retraite se succédaient presque sans interruption en direction de la Loire, les embuscades et les destructions se multipliaient, provoquant malheureusement les plus sauvages représailles de la part de l’ennemi contre la population civile. Pour opérer dans son secteur, le Capitaine « DURET » avait déjà reçu (comme indiqué plus haut) un détachement d’une douzaine de parachutistes S.A.S. britanniques, le 18 août. Un second détachement d’une importance sensiblement égale devait lui arriver par la voie des airs le 24 août.

 

Les embuscades du CHER-EST avaient lieu pour la plupart, durant cette période, sur les deux grand’routes menant de BOURGES à la CHARITÉ et à NEVERS. Le 21 août, 4 Allemands sont tués près de SANCERGUES. Le 25 août, une embuscade tendue par un groupe du CHER-EST en coopération avec les Britanniques, entre la GUERCHE et le GUÉTIN, permet de détruire un camion dont tous les occupants sont mis hors de combat (un Anglais tué). Les 26 et 27 août, sur chacune des deux grand’routes, plusieurs engagements ont lieu et une vingtaine d’Allemands au moins sont tués. Durant les journées suivantes il y eut encore une embuscade au carrefour de

 

Du côté d’AVORD, enfin, vers le 1 » Septembre, le Lieutenant VIGNON s’attaquait avec 5 F.M. et deux Piats à une colonne de camions, dont un grand nombre d’occupants étaient mis hors de combat.

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Dans la région de NÉRONDES même, les embuscades auraient pu sans doute être poussées avec un peu plus de vigueur, durant ces derniers jours de la retraite allemande, si l’ennemi n’avait systématiquement entrepris de brûler les fermes et de massacrer des civils tout autour de cette localité chaque fois, qu’il était attaqué par le « maquis ». Ces actes de sauvagerie furent, dans le Cher-Nord, et bien que nous ayons pris à partie les colonnes allemandes sur presque toute l’étendue du territoire, à peu près exclusivement limités (je ne sais pourquoi) à cette région de NÉRONDES. En moins de deux semaines, plus de trente fermes ou maisons d’habitation furent ainsi incendiées, et une douzaine de civils massacrés.

Naturellement la population fut bientôt littéralement terrorisée. Comme les groupes de résistance qui conduisaient la guerilla étaient recrutés localement, ces représailles inhumaines les incitèrent à suspendre ou du moins à espacer leurs embuscades. Quelques-uns parlèrent même de cesser la lutte, à la vue des malheurs qu’elle attirait sur la tête de leurs compatriotes. Je dus intervenir avec énergie pour leur faire comprendre que l’intérêt supérieur du pays exigeait que les forces armées de la Résistance devaient continuer à se battre, quels que fussent par ailleurs les dommages subis par la population civile. Mais, comme il est naturel, la conduite du combat dans cette région s’en trouva néanmoins quelque peu ralentie.

Parallèlement aux embuscades proprement dites, le secteur du Cher-Est, dans les derniers jours d’août, poursuivit sur une grande échelle les destructions et sabotages de voies de communication. La voie ferrée de BOURGES à SAINCAIZE continuait à constituer, dans cet ordre d’idées, l’objectif principal. Vers le 30 août, notamment, en vue d’empêcher le passage d’un train de prisonniers politiques, que les Allemands évacuaient de BOURGES, pendant deux jours de suite la voie sauta toutes les 6 heures.
(Malheureusement le train, fortement escorté, réussit tout de même à passer). Dans le bois de BOURAIN, un pont métallique fut détruit, et les Allemands l’ayant reconstruit avec des traverses, fut de nouveau saboté et incendié le lendemain.

Après le chemin de fer, l’objectif le plus important était représenté à cette date par les ponts de route sur la Loire et le canal latéral, par où les Allemands faisaient passer leurs colonnes en retraite. Pendant une semaine, « ALEX », avec une équipe spéciale, s’occupa à les mettre tour à tour hors de service. Des abattis d’arbres furent opérés sur la route menant à la CHARITÉ, et 3 ponts sur le canal, dont celui de la grand’route à la CHAPELLE MONTLINARD furent détruits vers le 23 août, obligeant les Allemands à se détourner par de petites routes secondaires pour joindre le grand pont sur la Loire en face de la CHARITÉ. Au GUÉTIN (route de BOURGES à NEVERS) et dans les environs, trois autres ponts étaient dynamités quelques jours plus tard, toujours sur le canal, mais les Allemands réussirent à réparer assez rapidement celui de la grand’route. Puis « ALEX » passa dans le CHER-SUD pour s’attaquer au pont de MORNAY, sur l’Allier...

Ainsi la marche des convois allemands durant les derniers jours de leur retraite fut-elle entravée par tous les moyens en notre pouvoir.

 

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Dès le 1er Septembre, il devint évident que le départ définitif des derniers Allemands du Cher-Nord n’était plus qu’une question de jours. Ainsi qu’il a été relaté plus haut, l’évacuation de la « poche » au sud d’ORLÉANS commençait à s’achever à cette date.

Le 2 Septembre, les derniers convois, abandonnant la route de SANCERRE, descendaient en direction des AIX D’ANGILLON par HENRICHEMONT, et de BOURGES par la Nationale 140. Une série d’engagements eurent lieu ce jour-là : à la sortie d’HENRICHEMONT, un groupe du maquis d’IVOY attaquait une forte colonne de camions, tuant plusieurs Allemands et faisant 4 prisonniers. Sur la route 140, au nord de la Chapelle d’ANGILLON, le Capitaine « Louis », des F.T.P. prenait à partie un autre convoi, lui infligeait des pertes, et était malheureusement tué d’une balle presque à bout portant au moment du décrochage. Un peu plus au Sud sur la même route, aux abords du « Pic Montaigu », les groupes de village de St-PALAIS, St-MARTIN et QUANTILLY, commandés par le sergent-chef DESMOULIÈRES, sous les ordres du Commandant MAGNON, continuaient une brillante série d’embuscades entreprises les jours précédents, accrochaient encore des colonnes de véhicules hippomobiles et des cyclistes. Malheureusement, l’ennemi devait se venger de ses pertes en incendiant la maison forestière de St-PALAIS et plusieurs maisons d’habitation en bordure de la route.

A BOURGES même, l’évacuation des Allemands semblait se précipiter. Le 2 Septembre, les Cheminots de la gare commençaient à embarquer, les troupes de passage réquisitionnaient voitures, chevaux, bicyclettes. Le 3 Septembre, les derniers cheminots partaient après avoir détruit toutes les installations de la gare de BOURGES (aiguillages, château d’eau, dépôt de machines). La Kommandantur quittait également la ville. Quant à la Gestapo, la milice, etc..  ils étaient déjà partis depuis longtemps. A partir de ce jour, il ne devait plus passer de trains à BOURGES, et les dernières colonnes de troupe venant de l’Ouest paraissaient de moins en moins fortes en effectifs.

Je n’avais naturellement pas attendu cette date pour procéder à l’armement des groupes F.F.I. à l’intérieur même de la ville de BOURGES sous les ordres de « ROBIN ». Dans la nuit du 25 au 26 août, un premier parachutage à leur intention avait eu lieu sur un terrain au sud de MÉRY-ès-BOIS, et les armes avaient pu être introduites dans la ville sans incident aucun. Un second parachutage, demandé quelques jours plus tard sur le même terrain, devait malheureusement être retardé, par suite des conditions atmosphériques, jusqu’à la nuit du 5 au 6 Septembre, c’est-à-dire la veille même de notre entrée à BOURGES.

 

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Après le passage des derniers convois ennemis en provenance de la « poche » au Sud d’ORLÉANS, d’assez gros éléments s’étaient attardés dans la région de Parassy et des Aix d’Angillon. Cependant, comme le Nord du département paraissait entièrement et définitivement débarrassé des Allemands, j’avais décidé de faire descendre en direction de BOURGES tout le maquis d’IVOY (dont l’effectif à cette date dépassait 200 hommes armés) en prévision de notre prochaine entrée dans la ville. Le même jour (c’était le 3 septembre), le commandement allié s’était enfin décidé à faire traverser définitivement la Loire aux éléments du 4me Bataillon de parachutistes français, montés sur Jeeps, qui se trouvaient depuis plus d’une semaine en attente à BRIARE. Et le lendemain, je prenais contact près de MENETOU-SALON avec un détachement de cette unité commandée par le Capitaine LARRALDE.

Dans l’après-midi nous apprenons qu’une compagnie de 120 Allemands environ, avec un ou deux camions (appartenant à un Bataillon d’Infanterie de marine venant de Vendée) s’est attardée aux AIX d’ANGILLON et se trouve complètement isolée, le reste du village, et ils se replient ensuite par la route de RIANS durant la nuit. Mais ils avaient subi de sérieuses pertes en tués et blessés, et laissaient entre nos mains une vingtaine de prisonniers, un gros camion ainsi que toutes leurs munitions et leurs vivres de réserve.


Malheureusement, le Capitaine LARRALDE avait été blessé accidentellement au début de l’action par l’éclatement d’un projectile de Piat au-dessus de la tête, le Sous-Lieutenant WILMS, commandant le groupe de réserve du maquis de MENETOU, était affreusement mutilé par une grenade (jambe arrachée, etc..) et le Capitaine « OXFORD », de la mission alliée de liaison (parachutée à IVOY le 8 août), avait
reçu également une très grave blessure.

Cet engagement des AIX D’ANGILLON, où pour une fois les forces de la Résistance, grâce à l’appui des Jeeps, purent attaquer l’ennemi chez lui au lieu de pratiquer uniquement, le combat en embuscade, devait clore pour les F.F.I. du Cher-Nord l’action militaire proprement dite sur le territoire même du département. Le combat, qui avait été le plus vif, se trouvait donc également avoir été le dernier.

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Ce même jour du 4 Septembre, un important détachement F.T.P. venu du CHER-SUD, sous les ordres du Commandant RENAUDIN, entrait sans coup férir à VIERZON et occupait la ville. Le lendemain « STAG » (qui s’était absenté la veille de son secteur pour un voyage à ORLÉANS) pénétrait à son tour dans VIERZON avec ses troupes. Le 5 Septembre au soir, on ne me signalait plus la présence dans BOURGES que de quelques groupes allemands attardés. Le village de MARMAGNE, à l’ouest de la ville, assez fortement occupé les jours précédents, était complètement évacué.

Le 6 au matin, je reçus la visite à la ferme de BEAUMONT, près de MENETOU-SALON, du Commandant de Gendarmerie VACHER et du Colonel de GOY, venus de BOURGES pour s’informer que la ville était entièrement débarrassée des Allemands, à l’exception de quelques dizaines d’hommes demeurés dans la caserne Carnot. Je donnais aussitôt l’ordre de rassembler tous les effectifs disponibles des maquis de MENETOU et d’IVOY pour entrer dans la ville au début de l’après-midi. Je fis passer d’autre part un message au Capitaine « DURET » pour qu’il participe à l’occupation de BOURGES avec tous les éléments qu’il pourrait diriger immédiatement sur la ville en venant de l’est.

Enfin je fis prévenir le Colonel BERTRAND, dans le CHER-SUD, pour qu’il puisse faire entrer simultanément dans BOURGES ses forces dont les têtes de colonnes étaient stoppées à une dizaine de kilomètres de la ville.

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A midi accompagné du Commandant MAGNON et d’une section du maquis de MENETOU transportée en camionnettes, je me rendis à la Préfecture. J’y avais été précédé d’une demi-heure environ par deux Jeeps du 4ème Bataillon de parachutistes. Deux heures plus tard, le restant du maquis de MENETOU et le maquis d’IVOY - près de cinq cents hommes au total, montés sur des autos réquisitionnées de tous modèles et de toutes descriptions - pénétraient à leur tour dans BOURGES par la route d’AUBIGNY. Quelques douzaines de traînards allemands attardés dans cette ville s’empressèrent de se constituer prisonniers.

A 4 heures, le 1er R.I. venant du CHER-SUD  faisait aussi son entrée à BOURGES. La libération du Cher-Nord était achevée.

Durant la semaine qui suivit, de très grosses colonnes allemandes de toutes armes continuèrent à traverser le CHER-SUD  en direction de l’Allier. Un de leurs itinéraires de passage se trouvait être la route de St-FLORENT à DUN-sur-AURON par LEVET, ce qui fit que l’on put craindre à plusieurs reprises que l’ennemi tenterait de réoccuper BOURGES, ce qu’il aurait évidemment pu réussir aisément avec un peu d’artillerie et quelques blindés.

Les forces du Colonel BERTRAND dans le CHER-SUD  harcelaient nuit et jour ces convois allemands. En vue de les seconder, une partie des maquis d’IVOY et de MENETOU renforcés par un détachement de CHATILLON-sur-LOIRE, fut mise à la disposition du Commandant ROY, commandant le 1er Bataillon du 1er R.I. et fut employé du 9 au 11 Septembre à maintenir une série d’embuscades permanentes sur la route de DUN à SANCOINS, aux abords du carrefour d’OSMERY. Quelques engagements assez vifs eurent lieu, l’ennemi se défendant énergiquement avec des mortiers et parfois aussi avec des blindés. Une voiture et un camion furent capturés ainsi qu’une certaine quantité de matériel (bicyclettes, armement, munitions, etc..) et des pertes en tués et blessés infligées à l’ennemi (au moins 6 tués et une vingtaine de blessés).

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Le lendemain 12 Septembre, toutes les forces allemandes se trouvant encore sur le territoire du CHER-SUD à l’ouest de l’Allier capitulaient entre les mains du Commandement Américain.

La lutte était terminée.

Le Commandant des F.F.I.
Pour le Cher-Nord
Arnaud de Vogué

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5 janvier 2000

Nos stèles

Liste des stèles et plaques  rénovées avec leurs libellés:

SENS-BEAUJEU     Rte de la Chapelotte

A la mémoire de Lucien CHEVILLION  sous-lieutenant F.F.I. Pierre Valançon Gendarme  Gabriel Georges Soldat F.F.I.  morts pour la France le 20 Août 1944 et de Guy Agogué 8 ans tué par les allemands le 3 septembre 1944

 ALLOGNY        Rte de St Martin

A la mémoire de Pierre LAURENSON soldat F.F.I. mort pour la France le 2 septembre 1944

 BRECY          Rte de Farges Avord

ICI  tombèrent le 2 Septbre 1944 ROLY André et NARCY Jean victimes de la barbarie nazie

 SAINT MICHEL DE VOLANGIS      entre Ste Solange et Vignoux

A la mémoire de Pierre MAUDRY soldat F.F.I. mort pour la France le 14 septembre 1944

 

NEUILLY EN SANCERRE       Rte d'Henrichemont

A la mémoire de Jean GAUTIER soldat F.F.I. mort pour la France le 4 Août 1944

 

LES AIX         Route d'Henrichemont

A la mémoire du Capitaine des Parachutistes André BORDES dit OXFORD mortellement blessé le 4 Septembre 1944

 

AZY             Rte de Rians

Ici le 24 Juillet 1944 est tombé sous les balles allemandes Camille PESSIOT dit MICKEY 30 ans Héros du Maquis de Menetou

 

BUE            Rte de Bourges

Ici Roland PAVIE Sergent Chef F.F.I. est mort pour la France A notre camarade le groupe Sauvignon de Bué

 

ARGENT    (sur D940 entre Aubigny et Argent)                        

Au Lieutenant Claude LACOUR mort à 22 ans pour la France le 17 Août 1944

 

VAILLY  plaque        Rte de Barlieu (cimetière)

A la mémoire du Capitaine BARON Chef Cantonal des F.F.I. de Vailly mort pour la France le 28 Août 1944

 

PARASSY Château  Rte de Menetou

Ancienne plaque:

Dans ce château, fonctionna pendant la période insurrectionnelle de 1944  l'hôpital clandestin des Maquis CHER-NORD     26 Août 1945.

Nouvelle plaque (en concertation avec Monsieur Pierre BROCARD, propriétaire du Château):

"PASSANT, SOUVIENS-TOI"

En 1944, lors des derniers combats pour la Libération,

ce château servit d'hôpital clandestin aux Maquis du CHER-NORD.

 

QUANTILLY  plaque  devant l'église

ICI le 11 Août 1944 furent assassinés par les nazis, à l'âge de 22ans, Roger BERNARD et René COURTOISON  Maquisards FFI-CHER-NORD.

 

La plaque de la Route de Saint Michel à BOURGES est en bon état: elle ne sera pas rénovée.

4 janvier 2000

Reddition de la colonne elster

 

C’est le seul exemple de reddition d’une division allemande entière aux troupes américaines.

60000 soldats allemands stationnaient dans le sud-ouest de la France.

 Le 19 août ils reçoivent l’ordre de regagner l’Allemagne en contournant le Massif Central.

 Trois colonnes de 20000 hommes sont formées : deux motorisées, une à pied sous les ordres du général de division Elster, cette dernière devant traverser la Loire à Decizes.

 

Troupes disparates disposant d’armement rudimentaire, constituées de convalescents de l’Est, d’artilleurs, de gardes frontières, d’observateurs aériens, de démineurs et de 8000 marins.

 

Cette colonne à pied part de Dax, passe par Angoulême, Poitiers. Des étapes de 30, 40, 60 km par 24 heures (marches de jour ou de nuit), le record 73 km. Le 6 septembre la colonne atteint Châteauroux mais le général rend compte que la queue de la colonne est encore à Poitiers, à 100 km. Les éléments de cette colonne sont harcelés par les FFI qui profitent des lieux propices aux embuscades

Le 7 septembre, mitraillage de la colonne entre Châteauroux et Issoudun. Jugeant ses hommes à bout et qu’en combattant, avec leur armement rudimentaire, « le carnage aurait été terrible », par ailleurs sans réponse de ses supérieurs, par l’intermédiaire du Comte d’Ornano (dans le château duquel il avait établi son PC) , il prend contact avec les FFI. Une réunion a lieu au château du duc de Maillé à Châteauneuf-sur-Cher. Condition de la reddition : se rendre aux forces alliées ( les Américains étaient à Orléans depuis le 20 juin).

Cette reddition est signée à la sous-préfecture d’Issoudun le 10 septembre à 17 heures par 3 Américains, 2 Anglais, 3 Allemands ; 3 Français sont seulement présents. Le général Elster remet 8 millions de francs, l’argent de sa division, au Préfet de l’Indre « pour les dommages occasionnés ».

Les F.F.I. du Cher apprennent cette signature et c'est d'abord le soulagement, car une colonne de 20 000 hommes, comprenant 2 généraux et 470 officiers, disposant encore de 29 canons, 14 canons de D.C.A., 337 mitrailleuses, 24 000 armes individuelles et près de 600 voitures, pouvait faire encore beaucoup de victimes dans des combats.
Les coups portés par les F.F.I. du Cher, qui ont tué le commandant de l'avant-garde et fait prisonnier le chef d'Etat-major d'Ester, sont tels qu'ils refusent de considérer la signature de Macon comme un acte définitif. Ces maquisards remarquent que rien n'est dit sur le désarmement de la colonne, sur la prise en charge des hommes, sur les modalités effectives de la reddition. La situation est très incertaine de part et d'autre, et Elster lui-même, n'ayant rien signé avec les F.F.I. du Cher est inquiet pour ses troupes, de plus en plus harcelées. De leur côté, les Résistants français sentant les Allemands en pleine déroute veulent en découdre et pourquoi pas anéantir une partie de cette colonne.
Mais colère du colonel Bertrand commandant du 1er Régiment qui vient d’être créé, « impression d’être spolié des honneurs militaires par l’arrogance des Américains….Ils me volent mes Allemands… ». Il exige une seconde signature ; Elster accepte, elle a lieu à la mairie d’Arçay (Cher). La reddition officielle aura lieu à Beaugency (Loiret) où est installé un camp de prisonniers .

Les Allemands partent en trois groupes avec leurs armes, ils n’ont pas été désarmés plus tôt, les négociations ont été dirigées par les Américains qui ne voulaient surtout pas que les armes soient récupérées par les FFI et surtout les FTP (communistes). Il semble bien que pour les Américains, si les mouvements de Résistants avaient été considérés comme très utiles lors du débarquement pour freiner l'arrivée des renforts allemands, il restait toujours un soupçon sur la droiture des Français. Pour beaucoup, en particulier chez les Anglo-américains, les F.F.I. étaient noyautés par des éléments communistes.

Par ailleurs une crainte : Hitler avait ordonné aux soldats, passant outre à la hiérarchie militaire, d’abattre tout officier qui donnerait l’ordre de capituler. D’où ce fractionnement en trois groupes pour diminuer les risques de combat par ceux qui ne voulaient pas se rendre.


A Beaugency, le 16 septembre, mise en scène « hollywoodienne », officiers généraux face à face, le général Elster fait une déclaration dont les termes ont été discutés » : La situation militaire ayant contraint le haut commandement à priver mes troupes de ses unités combattantes, je ne suis plus en mesure de parvenir, le fusil à la main jusqu’à la frontière allemande. En conséquence je livre mes troupes à pied et tout leur équipage à la 3e Armée américaine conformément aux accords signés »
Il remet son revolver, salue, salut américain, défilé des troupes allemandes avec drapeau. Très exactement 19 605 Allemands se rendent.

Le général Elster prisonnier dans le Missouri est changé de camp à plusieurs reprises et protégé, des prisonniers ayant juré de le tuer ainsi que ses officiers. Il est libéré en 1947. Le Conseil de guerre du Reich justifie sa condamnation à mort par contumace : « L’accusé a fait preuve d’une humanité déplacée et dangereuse ».
En 1948, fin de l’enquête de dénazification. La Cour rend un jugement pour le moins surprenant à l’encontre d’un haut gradé : elle le décharge de toute accusation. Le dossier contient des indications selon lesquelles Elster était lié aux opposants militaires ayant organisé l’attentat manqué contre Hitler le 2O juillet 1944.

Le général Elster qui parlait parfaitement le français et l’anglais, a traduit en allemand et publié Moby Dick. Il est mort d’une crise cardiaque à 58 ans en 1952.


Après la guerre, comme souvent en France, une querelle opposera les Français pour savoir à qui revient le mérite d'avoir obtenu la "reddition" d'Ester. Sur la plaque commémorant l'événement, et apposée en 1946 avec la présence du général Koenig, on peut lire :
"Le 11 septembre 1944, les F.F.I. du Cher-Sud reçurent ici, après cinq jours de rudes combats, la reddition de la colonne Elster forte de dix-huit mille nazis. Cette victoire française est dûe aux actions combinées des F.F.I. de l'Indre, du Cher, d'Auvergne, de l'Allier, de la R.A.F. et du 14e bataillon de parachutistes".
Aucun mot sur l'action des Américains !

3 janvier 2000

Qui sont les FFI ?

 

FFI- FORCES FRANCAISES DE L INTERIEUR

 

composées pour l'essentiel

 

  • de réfractaires du STO ( service du travail obligatoire)
  • de sous officiers de la Garde Républicaine
  • de quelques militaires de l'armée d'armistice
  • de volontaires civils décidés

 

A partir du mois de mars  1943 l'occupant contraignit les jeunes français des classes 41-42-43 au service obligatoire du travail, à la suite d'une revue d'effectifs , calquée sur le modèle de la conscription, avec présence des maires coté français et de médecins coté allemand, pour juger de leur aptitude au travail.

Par la suite chaque jeune reçu une convocation pour partir Outre-Rhin. Pas d'accord, hostiles au procédé et surtout aux allemands, chacun tenta, avec plus ou moins de chance de se faire oublier; qui dans les fermes les plus profondes de la campagne, qui dans les exploitations forestières, au mieux dans les familles en mesure d'héberger dans la discrétion.

Tous ces jeunes étaient désignés sous le vocable: Réfractaires au STO

 

C'est à partir de juillet-août 1944, à l'initiative de quelques ainés Officiers de réserve ou bénéficiant d'un certain charisme, que des groupes de bonne volonté mais dépourvus de moyens suffisants commencèrent malgré tout à poser de sérieux problèmes dans la circulation des trains. Le sabotage des voies trouva vite une parade du coté allemand: la mobilisation des civils français pour surveiller le réseau ferré.

 

Le débarquement de NORMANDIE, les parachutages de la Royale Air Force sur la zone Cher –Nord d'armements, de munitions, d'équipement, d'argent, voir de personnel (ferme de la Thuraudière) apportèrent un soutien appréciable au groupe de maquisards de la forêt d'Ivoy-le-Pré.

 

Alors cernées de tout coté, les orgueilleuses troupes nazies remontaient vers l' Allemagne semant ici et là crimes et désolation.

 

L'action des FFI Cher-Nord se prolongea jusqu'à la reddition de la colonne ELSTER à Lailly-en-Val aux portes d’Orléans. Par accord avec les autorités Américaines et Françaises cette colonne avait été autorisée à conserver son armement .18000 Allemands, dans la nature, particulièrement ombrageux et susceptibles, et non inquiétés, furent une vexation suprême pour la résistance, écartée sans ménagement.

 

Suite à cet épisode, tous les maquisards se regroupèrent au château de Menetou-Salon, point de ralliement, pour y subir une formation militaire accélérée, signer un engagement pour la durée des hostilités et recevoir des tenues militaires réglementaires. Ces nouveaux soldats, acheminés par voie ferrée vers la Charente, participèrent au siège de Royan.

 

Pour mémoire le « colonel Colomb » (Arnaud de Vogüé) chef des maquis Cher-Nord est le fondateur de l'amicale FFI actuelle et son mécène.

 

Par André PELET - Ancien du Maquis -  lors de l'AG du 15 Octobre 2011.

3 janvier 2000

Citation pour Paul Chantelat

cliquez sur le lien ci-dessous:

citation_Paul_Chantelat

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3 janvier 2000

Attestations de Berry et Dadar

 

Cliquez sur les deux liens ci-dessous:

Attestation_de_Berry

 

Attestation_de_Dadar_dit_Martin

 

 

 

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