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FFI CHER NORD
3 janvier 2000

25 Août 1944 Route de Saint Michel à bourges

Extrait du journal "LE BAZOUKA'

Du 23 Février 1946.

 

 Un épisode de la résistance berruyère, mal connue,  sujet aux légendes, est la disparition de nos regrettés camarades Vernier et Chantelat tués dans la lutte contre la milice

La cruelle journée du 25 août 1944 débuta par la capture par les Allemands de notre matériel de parachutage d'une voiture, celle de M. Losier, juste en face du PC du secteur de Bourges.

Après une nuit sur le terrain dans l'attente du Lancaster à 20 km de Bourges, c'était déjà un pénible réveil.

À 11:00, une réunion de l'état-major était prévue au PC chez le boulanger Brunaud rue Édouard Vaillant.

Plusieurs questions étaient à l'ordre du jour : outre les destructions de voies ferrées qui devait se poursuivre et le remplacement de notre matériel capturé le matin, il y avait la délicate question du déplacement du PC. En effet, les allées et venues de plus en plus fréquentes des chefs de groupe et des agents de liaison avaient  déterminé le capitaine Robin à changer l'emplacement du PC ou tout au moins opérer une décentralisation prudente.

À 11:00 le Capitaine  Robin arrive. Il trouve à la boulangerie le sous-lieutenant Tissier ainsi que le sergent chef Lesage et quelques camarades. Puis, le sous-lieutenant Vernier entre, accompagné d'un jeune inconnu.

Le commandant du secteur interroge tout de suite le nouveau venu :

– Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous ?

– Je suis du maquis de Poitiers et je viens de la part du commandant chef de la résistance là-bas et dont le nom est inconnu. J'ai avec moi un stock important d'armes et quelques hommes. Je suis envoyé pour faire sauter la milice de Bourges. Mais, pour cela, je n'ai pas assez de monde et si vous me prêter quelques hommes, je les munirai d'armes.

– Comment se fait-il que vous vous adressiez directement au commandant du secteur de Bourges et non pas au chef départemental ? Comment avez-vous pu entrer en contact directement ? Comment se fait-il que vous veniez de Poitiers pour vous occuper de choses qui sont dans un secteur que vous ne connaissez pas ?

– Parce que là bas les Allemands et les miliciens sont enfuis.

Mais, ce jeune homme éviter d'expliquer comment il était entré en contact.

Certaines questions le gênaient visiblement.

Le capitaine Robin reprit :

– Comment avez-vous pu amener vos hommes et vos armes de Poitiers jusque dans le cher ?

– En camion et en voiture.

– Comment avez-vous opéré ce déplacement, la nuit, par quelle route ?

– Non, de jour, sur les grands itinéraires et en convois.

Dès ce moment, la conviction du capitaine était faite : l'homme que nous avions en face de nous était un milicien. Il était en effet impossible de circuler librement sur les itinéraires décrits ; ou bien les Allemands en retraite les auraient  arrêtés d'abord pour leur confisquer leurs véhicules, ou bien les maquisards des régions traversées les auraient immanquablement  attaqués.

Il fallait arrêter ou abattre ce dangereux visiteur. Mais la chose n'était pas sans risques car le lieutenant vernier avait averti le capitaine Robin que notre homme  n'était pas seul, qu'il était venu en voiture avec un camarade qui attendait derrière le PC bd Chanzy en face de chez monsieur Durand huilier. Donc, le PC était découvert. Il fallait arrêter les deux hommes simultanément et les conduire en lieu sûr pour les interroger sur les circonstances qui les avaient amenés à découvrir l'état-major de Bourges.

Le capitaine qui revenait de la ville n'était pas armé. Aussi faisait-il des signes avec les doigts d'une main, signes rappelant l'usage d'un pistolet. Tissier, le premier, le comprit, s'excusa et sortit. Il revint au bout de 30 secondes avec un superbe colt 11,25 mm.

L'interrogatoire continuait:

– Où sont vos hommes ?

– Près  de la rivière du Cher, dans les environs de St Florent Ste Thorette.

– Voici une carte d'état-major ; fixez vous-même l'endroit.

– Dans cette région là, dit-il après quelques recherches.

– N'avez-vous pas été inquiétés dans cette région ?

– Non.

– Montrez-moi vos papiers.

– Je n'en ai pas. Je n'ai qu'un brassard FFI.

– Bien, je vous remercie.

Le commandant du secteur se lève.. Le milicien et les assistants également. Puis, prenant le revolver que Tissier lui tendait sous la table, le capitaine couche en joue notre homme : " fouillez-moi cet homme".

Aucun papier mais un pistolet automatique espagnol (très répandu dans la milice).

– D'ou vient ce pistolet ?

– Mais, du maquis. Nous l'avons reçu d'un parachutage.

– Il n'a jamais été parachuté d'armes espagnoles. Vous êtes suspect et prisonnier. Nous allons vérifier vos déclarations. "Lesage, tenez cet homme en respect, je m'occupe de l'autre".

Et, pendant que notre homme gesticulait, protestait de son innocence et de la façon dont était reçu un camarade d'un autre département, le capitaine s'en va trouver notre second larron qui était resté près de la voiture.

– Alors, vieux, tu attends ton copain ? Il est bavard et puis avec le capitaine qui lui ressemble je ne m'en sors plus. Ils s'en racontent!

Ça peut durer encore longtemps. Mais il ne reste pas là car le coin est infesté de miliciens. Rentrons en face chez l'huilier.

Aussitôt entré dans le bureau de monsieur Durand, Robin lui met le revolver dans les cotes. Monsieur Durand fouille notre homme qui proteste véhémentement. Brassard FFI parachuté, photographie de De Gaulle et un pistolet automatique espagnol. Pas de papiers. Exactement le contraire d'un vrai maquisard circulant en ville.

Mais il faut les évacuer au PC départemental, au maquis et les interroger à fond. Le moment est difficile. Il faut passer avenue nationale, traverser le pont de la voie ferrée et prendre la route de Saint Michel. Un convoi allemand passe à ce moment. Nous n'avons aucun véhicule sur place et le temps presse.

La solution est simple. Nous prenons leur voiture. Les numéros sont inscrits à la craie : remplaçons-les. Chantelat monte en avant, revolver au point. Un des miliciens conduira. Au moindre geste simulant une panne, ou ralentissant ou désobéissant aux indications données, ordre est de tirer sans hésiter. Derrière, vernier qui est le seul après le capitaine Robin à connaître l'emplacement du Poste de Commandement, armé d'un revolver, doit tuer à la moindre anicroche.

La voiture démarre et passe le pont sans encombre et se dirige route de Saint-Michel. Tout va bien.

 

Rendus méfiant, le capitaine Robin décide de ne pas prendre le repas de midi chez Brunaud. Tant pis pour les succulents plats cuisinés par Madame Brunaud. Excellente cuisinière, elle avait résolu de vaincre la maigreur de Tissier et y parvenait un peu chaque jour.

Après le déjeuner, le capitaine Robin et le lieutenant Tissier Se rendent chez Desgeorges qui était à l'écoute. En arrivant, il les avise d'un message passé de Londres à 12:30 : il y aura, le soir, un parachutage d'armes pour le secteur de Bourges.

Mais, au même instant, Lépinal arrive à vélo, toute essoufflé, et annonce l'effarante nouvelle : Vernier et Chantelat ont été tués route de Saint-Michel. La rue Édouard Vaillant est cernée par les Allemands et les miliciens. (À suivre).

NB: merci de nous faire parvenir la suite de cet article du BAZOUKA si, par chance, vous en détenez un exemplaire.

 

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